Jean Bosco Kongolo
Les Congolais qui s’intéressent à la politique,
de même que ceux qui ne font que la subir sont tous concernés par le débat qui
se déroule depuis quelques temps au sujet de la révision ou non de la Constitution
avant l’élection présidentielle prévue pour 2016.
Déjà deux camps se sont formés, l’un en faveur de la
révision incontournable et l’autre pour le strict respect des dispositions
dites verrouillées. Politiciens et juristes des deux camps ne cessent de
s’affronter, y compris sur le plan scientifique (cas des professeurs Boshab et
André Mbata) tandis que l’encre et la salive continuent de couler, faisant
craindre le pire aux observateurs avertis. Comme toujours, tous parlent
au nom de la démocratie et surtout du peuple et sont déterminés à aller
jusqu’au bout pour faire triompher leurs opinions. Après tout ce que nous avons
déjà pu entendre, nous avons décidé de donner notre voix pour exprimer
patriotiquement notre propre opinion en répondant aux questions
suivantes : « Quelle est la raison d’être de la Constitution en vigueur?
Contient-elle des dispositions intouchables? Le peuple est-il pris en
considération? »
1. La raison d’être de la Constitution en vigueur
Le débat sur la révision ou non de la constitution ne susciterait pas
autant de passion et d’animosité si l’on se donnait la peine de lire et de
relire correctement cette loi fondamentale et de la respecter.
A entendre les thèses des révisionnistes, on a
l’impression que cette constitution a été imposée au peuple congolais par des
étrangers ou par des extraterrestres alors que c’est d’elle qu’émane « la
légitimité » du pouvoir dont ils se prévalent. Or, il suffirait de lire
attentivement l’exposé des motifs, indissociable de la Constitution dont elle
est partie intégrante (tout juriste de bonne formation le sait), pour
comprendre sa raison d’être. Voici un extrait de cet exposé des motifs :
« Depuis son indépendance en 1960, la République Démocratique du Congo
est confrontée à des crises politiques récurrentes dont l’une des causes
fondamentales est la contestation de la légitimité des institutions et de leurs
animateurs. Cette contestation a pris un relief particulier avec les
guerres qui ont déchiré le pays de 1996 à 2003.
En vue de mettre fin à cette crise chronique de
légitimité et de donner au pays toutes les chances de se reconstruire, les
délégués de la classe politique et de la Société civile, forces vives de la
Nation, réunis en dialogue intercongolais, ont convenu, dans l’Accord Global et
Inclusif signé à Pretoria en Afrique du Sud le 17 décembre 2002, de mettre en
place un nouvel ordre politique, fondé sur une nouvelle Constitution
démocratique sur la base de laquelle le peuple congolais puisse choisir
souverainement ses dirigeants, au terme des élections libres, pluralistes,
démocratiques, transparentes et crédibles.
A l’effet de
matérialiser la volonté politique ainsi exprimée par les participants au
Dialogue intercongolais, le Sénat, issu de l’accord Global et Inclusif précité,
a déposé, conformément à l’article 104 de la Constitution de la transition, un
avant-projet de la nouvelle Constitution à l’Assemblée nationale qui l’a adoptée sous forme de projet soumis au référendum
populaire. »
Il est clair que la
principale raison d’être de cette Constitution était de mettre fin aux crises
politiques récurrentes qui ont émaillé l’histoire de notre pays depuis 1960.
D’où vient alors que cette Constitution tant vantée à l’époque est aujourd’hui
jugée non adaptée par ceux-là mêmes qui en tirent bénéfice depuis bientôt dix
ans? Peuvent-ils avoir le courage d’avouer, la main sur le cœur, que
cette Constitution n’a pas réussi à mettre fin aux crises de légitimité et
pourquoi? Plus loin, le même texte de l’exposé des motifs nous renseigne
tout aussi clairement sur les préoccupations majeures qui président à
l’organisation et à l’exercice du pouvoir issu des nouvelles institutions :
« Les nouvelles
Institutions de la République Démocratique du Congo sont: le Président de la
République;
- le Parlement;
- le Gouvernement;
- les Cours et
Tribunaux.
Les préoccupations
majeures qui président à l’organisation de ces Institutions sont les suivantes:
1. assurer le fonctionnement
harmonieux des Institutions de l’État;
2. éviter les
conflits;
3. instaurer un État
de droit;
4. contrer toute tentative
de dérive dictatoriale;
5. garantir la bonne
gouvernance ;
6. lutter contre
l’impunité;
7. assurer
l’alternance démocratique.
C’est pourquoi, non seulement le mandat du Président
de la République n’est renouvelable qu’une seule fois, mais aussi, il exerce
ses prérogatives de garant de la Constitution, de l’indépendance nationale, de
l’intégrité territoriale, de la souveraineté nationale, du respect des Accords
et traités internationaux ainsi que celles de régulateur et d’arbitre du bon
fonctionnement des Institutions de la République avec l’implication du
Gouvernement sous le contrôle du Parlement. »
Sauf s’il y a mille façons de lire et de comprendre un texte, celui-ci a
été rédigé pour s’appliquer indistinctement et de façon impersonnelle à tout
Congolais élu président et à qui incombe la tâche d’en être le garant durant
son mandat, renouvelable une seule fois. Il est vrai que
toute Constitution est modifiable en tant qu’œuvre humaine, mais la
méthode utilisée ainsi que le choix sélectif des articles à modifier fait
douter de la noblesse et de la transparence de l’objectif poursuivi par les
partisans de la modification.
1.1. Méthode utilisée : la rumeur et le démenti
Excepté dans un régime à parti unique, partout où l’alternance au
pouvoir est intégrée dans la culture politique, peu importe si le président
sortant a réussi ou non son mandat et peu importe également son jeune âge, la
loi fondamentale est appliquée sans atermoiements. Le parti au pouvoir
s’organise à l’interne et sans ambigüité pour désigner un successeur valable et
capable non seulement de conserver ce pouvoir, c’est légitime, mais aussi
d’assurer la continuité ou l’amélioration du projet de société à présenter aux
électeurs.
En RDC, malgré que
Joseph Kabila épuise bientôt ses deux mandats prévus par la Constitution, il
est curieux que le PPRD et alliés soient incapables de lui trouver un
successeur parmi tant de « cadres » et chefs des partis politiques. Est-ce par
déficit d’ambitions et de leadership ou par incompétence? Comme dans un jeu
d’adultère, ce qui n’était qu’une vulgaire et banale rumeur a fini par être annoncée par ceux-là même qui
en apportaient le démenti cinglant en soutenant du bout des lèvres que le Chef
de l’État était démocrate, garant de la Constitution et respectueux des lois de
la République.
Le 18 mars 2013, Claude Mashala a pris tout le monde
de court. Alors que la classe politique congolaise ergotait depuis des semaines
sur la révision, ou non, de l’article 220 de la Constitution qui empêche Joseph
Kabila de briguer un troisième mandat, le secrétaire national du Parti du
peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, principal parti de la
majorité) a décidé de lancer une pétition pour changer de Constitution.
Depuis quelques mois pourtant, le camp présidentiel tente de rassurer
l’opposition politique sur l’intention du chef de l’État de respecter les
dispositions constitutionnelles.
Au lendemain des «concertations nationales» tenues à
Kinshasa début septembre, Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale et
chef de la Majorité présidentielle (MP), assurait encore à Jeune Afrique que
«[Joseph Kabila] est le garant de la Constitution, il la respectera et la fera
toujours respecter».
Plus récemment sur
RFI, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement et membre du bureau exécutif
de la MP, abondait dans le même sens : «Joseph Kabila nous a dit qu’en 2016, il
y aura un passage de flambeau civilisé entre un président qui sort et un
président qui entre. » (Source : Jeune Afrique du 21 mars 2014. :http://www.jeuneafrique.com /Article/ARTJAWEB 20140320182838/)
1.2. Absence de transparence:
La deuxième sortie sur le sujet du référendum
est signé Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale et secrétaire
exécutif de la majorité présidentielle.
Dans une longue déclaration à la presse, enregistrée
le 17 juillet et relayée dans les médias le 21 juillet, Minaku revient sur les
deux possibilités offertes par la Constitution pour sa modification : le vote
du Congrès (Sénat et Assemblée nationale en se basant sur l’article 218) et…le
référendum.
Le président de l’Assemblée enfonce même le clou en
affirmant que sa majorité tenait à conserver le pouvoir. Prenant soin de
spécifier : « bien évidemment selon le standard international de toute
démocratie. »(Source : Afrikarabia du 22
juillet 2014) http://afrikarabia.com/wordpress/rdc-lidee-dun-referendum-fait-son-chemin/) « Nous avons déclaré de manière très claire aux participants que nous
ne reconnaissons ni à un Gouvernement ami ni à des ONG, ni à nos
collègues de l’opposition le droit d’interdire aux Congolais ce que leur
Constitution autorise.
Aucune fraction du peuple n’a le droit de se
substituer au peuple. Et, s’agissant de l’article 220, il n’est pas interdit
aux Congolais d’en débattre, étant entendu qu’en démocratie, il n’existe pas de
sujets tabous », a encore insisté Mende. » (Source : Le Potentiel online, mise à jour du 8 août 2014) http://www.lepotentielonline.com/index.php?option=com_content&view=article&id=9709:lambert-mende-criminaliser-toute-revision-constitutionnelle-est-un-non-sens&catid=90:online-depeches&Itemid=472)
De quoi dérouter tout esprit cartésien et se poser des questions sur le sens de
l’honneur, de dignité et de respect de la parole donnée de ceux qui nous
gouvernent. Face au silence inquiétant du Chef de l’État lui-même, garant de la
Constitution et du bon fonctionnement des institutions, il y a aussi de quoi se
demander si tous ces messieurs qui parlent « en son nom » sans un démenti de sa
part sont ses ballons d’essai ou simplement des profiteurs agissant pour leur
intérêt et qui le poussent à la faute, craignant de perdre les privilèges
acquis. La réponse est facile à trouver dans l’agitation qui règne déjà au sein
de leur famille politique où, contrairement aux lois de la jungle, des loups
(pas des moindres) commencent à se manger entre eux avec une telle avidité que
les agneaux observent le spectacle sans rien y comprendre : «
J’espère, Madame, que
vous ne recommandez pas de commencer à arrêter les gens parce qu’ils écrivent ‘
’Kabila, totondi yo nainu te,
Kabila, mposa nayo esili te’’. Vous n’avez jamais entendu une telle
position des Instances officielles de la Majorité. La Majorité vous dit des
choses; le Gouvernement vous dit des choses; le Président vous dit des choses
et vous allez chercher le point de vue obscur d’un obscur cadre de la Majorité.
» (Propos tenus par le Ministre L.Mende dans sa conférence de presse du 3
juillet 2014). (Source; Le potentiel du 4 juillet 2014 :
http://www.lepotentielonline.com/index.php?option =com_content & view=
article&id=9573:la-gueguerre-kin-kiey-mulumba-mende-omalanga-un-signe-qui-ne-trompe-pas-sur-la-mp&catid=85:a-la-une&Itemid=472).
En réplique à ces
propos, le ministre Kin Kiey a porté plainte contre son collègue auprès du
président de l’Assemblée nationale, en tant que Secrétaire exécutif de la
Majorité présidentielle, avec copies pour information à plusieurs autorités
politiques, judiciaires et de sécurité. En voici l’extrait :
« Est-il interdit à un élu-un Réélu de la manière la
plus honnête et la plus transparente-dont la circonscription et la province-ont
le plus et le mieux élu le Président de la République (à plus de 74% en 2011)
de faire montre de sa passion et de sa ferveur personnelles pour Joseph Kabila
Kabange, encore qu’il n’engage nullement dans sa campagne la Majorité
Présidentielle? Au fond, qu’est-ce qu’on veut dire « cadre obscur » en
Lexicologie, totalement vide de sens? Est-il permis à un « porte-parole »
d’houspiller un collègue, de porter un jugement de valeur sur des prises de
position personnelles d’un collègue?
Le ministre en charge de la Nouvelle Citoyenneté ne
met-il pas à mal la nécessaire cohésion gouvernementale? » (Source :
idem.) Comme on peut aisément le constater, de la
rumeur aux déclarations de plus en plus non équivoques, les révisionnistes
s’abstiennent de dire pourquoi ils laissent tranquilles certaines autres
dispositions utiles de la Constitution qui n’ont jamais connu un moindre
début d’application, pour ne s’attaquer qu’à celles verrouillées.
C’est le cas de
l’article 2, relatif au découpage territorial, qui crée inutilement des
provincettes non viables économiquement, sources prévisibles de conflits ethniques
et tribaux, qui risquent de fragiliser davantage l’unité et la cohésion
nationales. Leur seule préoccupation, c’est conserver le pouvoir pour le
pouvoir, peu importe ce que dit la Constitution dont ils avaient vanté les
vertus démocratiques.
2. Article 220 de la Constitution :
Disposition
intouchable « La forme
républicaine de l’État, le principe du suffrage universel, la forme
représentative du Gouvernement, le nombre et la durée des mandats du Président
de la République, l’indépendance du pouvoir judiciaire, le pluralisme
politique, et syndical, ne peuvent faire l’objet d’aucune révision
constitutionnelle.
Est formellement interdite toute révision
constitutionnelle ayant pour objet ou pour effet de réduire les droits et libertés de la personne ou de réduire les
prérogatives des provinces et des entités territoriales décentralisées. »
Pour comprendre facilement le contenu et la philosophie qui le
sous-tendent, cet article ressemble étrangement au « fruit interdit » du Jardin
d’Éden, qu’Adam et Ève avaient consommé sur instigation de Lucifer et dont les
conséquences, en termes de calamités (maladie, souffrance, mort), poursuivent
jusqu’à ce jour toute l’espèce humaine. La métaphore se rapporte parfaitement
bien à la situation qui prévaut actuellement en RDC.
Concrètement, le
pouvoir constituant ne laisse aucune place à une quelconque interprétation ni
dérogation pour tout ce qui touche au nombre et à la durée des mandats du
Président de la République, de même que pour l’indépendance du pouvoir
judiciaire, le pluralisme politique et syndical (al.1er de l’art.220). La
raison d’être de cette rigidité est contenue dans l’exposé des motifs dont nous
reprenons encore l’extrait déjà évoqué :
« Les préoccupations majeures (c’est nous qui
soulignons) qui président à l’organisation de ces Institutions sont les
suivantes :
1.
assurer le fonctionnement harmonieux des Institutions de l’État;
2.
éviter les conflits;
3.
instaurer un État de droit;
4.
contrer toute tentative de dérive
dictatoriale;
5.
garantir la bonne gouvernance ;
6.
lutter contre l’impunité;
7.
assurer l’alternance démocratique.
C’est pourquoi, non
seulement le mandat du Président de la République n’est renouvelable qu’une seule fois, mais aussi, il exerce ses
prérogatives de garant de la Constitution, de l’indépendance nationale, de
l’intégrité territoriale, de la souveraineté nationale, du respect des accords
et traités internationaux ainsi que celles de régulateur et d’arbitre du
fonctionnement normal des Institutions de la République avec l’implication du
Gouvernement sous le contrôle du Parlement. »
Persister à modifier cet article pour imposer un
troisième mandat du Président Kabila équivaut à réintroduire les conflits et le
dysfonctionnement des Institutions, à mettre une croix sur l’État de droit, à
réinstaurer la dictature, à sublimer la mauvaise gouvernance, à tolérer
l’impunité ainsi qu’à résister à l’alternance démocratique.
C’était pareil avec le Président Mobutu, dont le culte
de la personnalité et le règne à durée indéterminée avaient été l’œuvre des
individus zélés parmi lesquels plusieurs sont encore et toujours actifs dans
les institutions dites démocratiques.
Voilà ce à quoi des
politiciens égoïstes et certains professeurs de la nouvelle génération des
constitutionnalistes congolais veulent de nouveau entraîner tout le peuple.
C’est comme si ces derniers n’avaient pas été avec nous, à la même époque, dans
la même bonne école des éminents Lihau, Vundwawe, Djelo… ou qu’en dehors des enseignements que tous nous recevions le
jour, la nuit eux allaient apprendre autre chose en prévision de la « Troisième
République », qu’ils considèrent comme leur propriété privée.
Comme si cela ne suffisait pas, des prélats, plus visibles au Palais du Peuple
qu’à l’église, sont mis à contribution pour désorienter leurs ouailles avec des
déclarations sophistes: « Le chef de l’Église du Christ au Congo (ECC) est
favorable à la révision des articles ‘’verrouillés’’ de la Constitution de la
RDC. Mgr Marini Bodho s’est exprimé mercredi 6 août 2014 à Kinshasa lors de
l’ouverture du synode national de cette confession religieuse. Cette réunion a
notamment pour objectif d’examiner les amendements des textes légaux pour
donner des nouvelles orientations à cette église :
Mais cette fois-ci, curieusement, on n’a entendu
aucun reproche du gouvernement ou d’un personnage s’exprimant en son nom pour
rappeler au prélat de faire la part des choses entre ce qui appartient à Dieu
et ce qui revient à César.
De l’inanition de la nation au musèlement de la population, il n’y
a aucun doute sur l’identité de vues et d’intérêts de ces personnages qui
s’apprêtent à abuser du peuple, pauvre peuple.
3. Le peuple est-il pris en considération?
Faisant table rase du régime déchu de la deuxième République, le nouveau
pouvoir constituant avait décidé d’impliquer le peuple en soumettant à son
approbation le projet de Constitution voté par le Parlement de transition.
Malgré les
irrégularités qui avaient entaché le référendum, les résultats de celui-ci
n’ont jamais été remis en cause. C’est donc ce même souverain primaire qu’on
veut désabuser alors qu’il avait déjà levé les options fondamentales non
négociables, au nombre de 7, énumérées dans l’exposé des motifs dont nous avons
repris un extrait et parmi lesquelles le nombre et la durée des mandats du
Président de la République. La preuve du caractère non négociable de toutes ces
options fondamentales a d’ailleurs été réaffirmée dans l’exposé des motifs
de la Constitution révisée peu avant les élections décriées de 2011 : Loi no
11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la République
Démocratique du Congo du 18 février 2006
Exposé des motifs :
« Depuis l’entrée en
vigueur, le 18 février 2006, de la Constitution de la République Démocratique
du Congo, le fonctionnement des institutions politiques tant centrales que
provinciales a fait apparaître des situations concrètes, des contraintes et des
problèmes non prévus par le constituant originaire.
En effet, d’une part,
certaines dispositions se sont révélées handicapantes et inadaptées aux
réalités politiques et socioéconomiques de la République Démocratique du Congo.
D’autre part, des dysfonctionnements imprévus par le constituant originaire
dans la vie des institutions de la République tant au niveau national que
provincial.
La présente loi a
pour finalité de donner des réponses adéquates aux problèmes posés aux
institutions de la République depuis le début de la première législature de la
IIIème République afin d’assurer le fonctionnement régulier de l’État et de la
jeune démocratie congolaise.
Dès lors, il ne
s’agit pas de procéder à un ajustement constitutionnel qui remettrait en cause
les options fondamentales levées par le constituant originaire, notamment en
matière d’organisation du pouvoir d’État et de l’espace territorial de la
République Démocratique du Congo. »
Faut-il donc permettre qu’à l’échéance de chaque
mandat l’on prenne tout un peuple en otage pour lui dire que telle disposition
de la constitution ne convient plus et qu’il faille la réviser pour l’adapter à
l’évolution du moment? Quand bien même tel pourrait être le cas, pourquoi ce ne
sont que les mêmes qui peuvent procéder à ce genre de révision?
La vérité, c’est qu’en proposant de consulter le
peuple pour une matière que ce même peuple a déjà retenue comme non négociable,
les révisionnistes comptent à la fois sur son ignorance et sur la force. En
effet, le ministère de l’intérieur et tous les partis politiques, toutes
tendances confondues, ne se sont jamais donné la peine d’assurer l’éducation
civique de la population en vulgarisant la Constitution dans toutes les langues
nationales auprès de toutes les couches de la population.
De quel peuple parle-t-on pour comprendre les notions
de crise institutionnelle,
d’État de droit, d’alternance au pouvoir, de légitimité politique…pendant que
même des professeurs de Droit, des députés et des diplômés d’université lisent
le texte de la Constitution en songeant plus à leurs comptes en banque
qu’aux préoccupations quotidiennes de ce peuple, en majorité illettré?
Conclusion
La population congolaise, dans sa grande majorité, garde encore des séquelles
de la dictature mobutienne comme des plaies non encore cicatrisées et
d’ailleurs rouvertes par les guerres lui imposées par le conglomérat des
aventuriers dénommés AFDL, selon les propos de L.Désiré Kabila, et les pays
voisins de l’Est. Elle n’a pour le moment besoin que de la paix pour travailler
et se sentir mieux chez soi.
Tirant les leçons du passé, elle s’était déjà exprimée
une fois pour toutes sur les causes de ses malheurs que sont notamment la
confiscation du pouvoir par un individu ou un groupe d’individus, les conflits
consécutifs aux crises de légitimité, l’absence d’État de droit et d’alternance
démocratique, l’impunité et la mauvaise gouvernance. C’est tout ceci qui avait
inspiré au pouvoir constituant de 2006 la rédaction et le libellé de l’article
64 de la Constitution, qui dispose : « Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui
prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de
la présente Constitution. Toute tentative de renversement du régime
constitutionnel constitue une infraction imprescriptible contre la nation et
l’État. Elle est punie conformément à la loi. »
Plutôt que de s’acharner à renverser le régime
constitutionnel en poussant le Chef de l’État à consommer le fruit interdit,
avec tout le lot de calamités sociopolitiques et de crises de légitimité que
cela risquerait d’entraîner pour longtemps, le PPRD et ses alliés
donneraient à la nation et au monde entier un bon exemple de démocratie en
organisant d’abord une alternance à l’interne et en encourageant par conséquent
leurs cadres à exprimer légitimement leurs ambitions pour le pouvoir suprême.
A moins qu’ils nous
convainquent du contraire, des cadres comme Boshab, Minaku, Mende,
Katumbi, Marini Bodho, Mwando Simba, Pierre Lumbi, Bongeli, Henri Thomas
Lokondo, Bahati Lukwebo…devraient avoir une telle ambition pour affronter dans
la transparence et à armes égales leurs homologues de l’opposition devant
l’arbitre souverain qu’est le peuple. C’est ça la démocratie.
Par Jean-Bosco Kongolo M.
Juriste& Criminologue_
Le Phare de 18 aout 2014
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