A part l'opinion exprimée par Mme Liliane Kongolo a.ka. Weber, avec
laquelle je suis en total accord, je récuse les opinions de ces
"petits-bourgeois" que semblent être des compatriotes de l'extérieur
(Vununu, Indongo-Imbanda, Kiassi, Bin Mudia, etc) et de l'ANR-Kin
(Mpoko, Y Ramazani, Nseka, Kado, Dujardin et autres sbires du
kabilisme).
En effet, il y a une
"unanimité" suspecte et non critique. Tout ce petit monde,
pseudo-intellectuel sans recul historique (cfr les migrations violentes
des Européens aux Amériques et en Océanie), casse du sucre sur le dos de
compatriotes moins instruits mais débrouillards à leur niveau. Le
prétexte: ces compatriotes se livrent à ce que la RFI et la justice
française qualifient de "trafic de faux documents pour l'obtention de
séjour en France".
Pourtant, il faut constater que la phase actuelle de
la mondialisation nous est défavorable; des obstacles sont mis à la
libre circulation des ressortissants du Tiers-Monde, pendant que les
Occidentaux émigrent en maîtres du monde. Est-il logique, dans ce
contexte, que nous, ressortissants d'un pays pauvre du Tiers monde que
nous sommes, nous nous livrions à des critiques méprisantes (et
méprisables, selon moi) de ces compatriotes qui permettent à des
milliers des nôtres de quitter les prisons de la misère et de
l'ignorance que sont nos pays appauvris et opprimés? Il faut ici distinguer les faux chèques, vols d'autrui, des faux papiers délivrés à des migrants, qui sont des aides à autrui!
Quant à moi, j'ai été content, en 1980, d'avoir pu quitter l'enfer
du Zaïre de Mobutu, pour Brazzaville d'abord, en me servant de faux
papiers qui m'ont été délivrés tant par mes élèves (je leur donnais des
cours de chimie et de biologie à temps partiel, tout en étant étudiant à
la fac de médecine) du collège Bonsomi que les Jésuites ont à Ndjili, que
par des dignitaires de 'Eglise catholique (Cardinal Malula; RP Turine,
jésuite; abbé Ruhamanyi, aumônier à l'UNIKIN; etc.).
A Brazzaville, depuis une prison de la sécurité d'état, c'est
encore une dame Française du PNUD (sur intervention des RP Kombo et RP
Boumard, jésuites) qui m'a délivré les faux papiers pour fuir à Abidjan.
Tout comme à Abidjan c'est encore de la part d'une Française (sur
intervention du RP Eric De Rosny, jésuite, et du président de
l'assemblée nationale qui était un catholique engagé) que j'ai bénéficié
d'un "faux" sauf-conduit de l'ONU pour entrer en Europe. J'ai été
privilégié et chanceux, vu la nature et le niveau de mes liens
internationaux.
J'ai ainsi bénéficié de faux papiers pour m'exiler, et dois-je donc
considérer ces personnes, Zaïroises et étrangères, qui m'ont aidé et
m'ont sauvé la vie, comme des délinquantes? Sans doute le sont-elles au
regard des lois nationales mais pas selon le droit international, qui
accepte que l'on se serve d'identités fausses et de faux papiers pour
échapper à la persécution! Tout comme ai-je été moi-même "délinquant"
lorsque, plus tard, voulant faire en faveur d'autres ce dont j'avais
bénéficié, j'ai acheté des faux papiers en Europe et en Afrique pour
faire émigrer des amis retenus en Angola, en Côte d'Ivoire, au Congo, ou
arrivant en catastrophe en Europe et en Amérique du Nord!
J'ai été étonné, par la suite, que par cet esprit petit-bourgeois,
un compatriote (de ma famille politique lumumbiste et de l'ethnie de ma
mère) que j'avais fait émigrer de Brazzaville à Genève dans les années
80, ait été m'accuser, sur instigation de kabilistes dans les années
2006-2007, auprès de la police suisse comme "usager de faux" et
"trafiquant de ngulu"! J'ai pu me défendre car je suis engagé (on aide
des ressortissants de l'est, d'Asie et d'Amérique latine aussi) et
instruit, mais cela démontre comment certains pseudo-intellectuels
égoïstes d'Afrique sont victimes de la manipulation idéologique qui
consiste à intégrer les intérêts d'une classe dominante au niveau
mondial comme normes, au détriment de leurs propres intérêts individuels
et collectifs!
Ça me rappelle aussi le fait que, dans les années 1980, en Suisse,
les Zaïrois étudiants et diplomates ou fonctionnaires internationaux,
voulaient coûte que coûte se différencier de nous les "ngunda"... avant
que certains, suite à des aléas de leurs vies professionnelles,
politiques et personnelles, ne nous envient et ne nous rejoignent dans
ce statut plus stable de "ngunda"!
Certes, il y a une diversité d'itinéraires d'émigration. Il
y a donc vous, qui êtes venus en Europe et en Amérique du Nord,
"régulièrement", en tant que boursiers ou fils à papa ou fonctionnaires
ou diplomates. Mais vous êtes, Mesdames et Messieurs, de loin moins nombreux que nous qui sommes venus comme demandeurs d'asile ou "ngunda".
Par la suite, nous avons pu stabiliser nos séjours de diverses
manières (obtention du statut de réfugié, obtention de permis
humanitaires, mariages, contrats de travail, etc.). Nous somme fiers de
nos capacités de débrouillardise, dans un environnement hostile,ne vous
en déplaise!
Pour un-e jeune Kinois-e, et a fortiori pour un-e jeune Congolais-e
végétant en province, dans l'enfer kabiliste de ce Congo qui est 186ème
Etat sur 186 en matière de développement humain, il est OBJECTIVEMENT
plus intéressant devenir tenter sa chance comme "ngunda" en Occident,
que de rester à se tourner les pouces au pays, en inventant des
histoires à dormir debout pour obtenir des miettes via Western Union de
la part de frères, sœurs et cousin-e-s vivant hors du pays! De jeunes
médecins Congolais venus en Europe il y a une dizaine d'années, s'y
débrouillent déjà, et surtout aident leurs confrères et consoeurs restés
au pays, qui travaillent dans des conditions, matérielles et éthiques,
indignes de notre noble profession.
Que les caciques du kabilisme ne frottent leurs panses rebondies de
personnes bien nourries et empiffrées des revenus de leurs rapines et
corruptions, c'est SUBJECTIVEMENT compréhensibles. Mais ces gens-là nous
trahissent et sont nos ennemis (toutes les mesures qu'ils prennent
c'est contre nous, comme de n'importer au Congo que des véhicules neufs
ou de mettre des obstacles à l'entrée de marchandises dans le
pays): nous ne devons pas nous identifier ni à leurs discours
petits-bourgeois et manipulateurs, ni à leurs intérêts de traîtres qui
sont complices du capital financier occidental qui pille nos pays,
ravage les vies des nôtres et maintient nos nations dans la misère et
l'humiliation, y provoquant des guerres meurtrières et sans fin!
Que la police française pourchasse les Congolais qui aident leurs
compatriotes et d'autres Africains à obtenir des papiers, c'est de
bonne guerre. Mais nous autres, originaires de "l'autre côté du mur" et
solidaires des nôtres, nous continuerons à chercher les voies et moyens
pour échapper aux diverses formes d'esclavages modernes !
Bientôt, je vous signalerai la sortie de l'épopée en faveur de
migrants illégaux que je vais publier, sous le titre de "Chants de la
migration vers le nord". Ce sont des poèmes qui font récit de l'odyssée
d'un jeune Congolais de Bukavu en Europe, pour fuir les guerres barbares
en cours chez nous depuis 1996.
Salutations patriotiques!
KP Nzogu
Ci-dessous le chant introductif (chant 0.0 des 120 chants):
C’était l’enfance et l’esprit…
Cet écrit est roman, qui conte en poèmes
Ma venue en Europe, qui fut vrai bohème.
C’était l’enfance, et l’esprit plein de visions
J’écoutais des contes, je rêvais, je pleurais
Puis l’adolescence : le cœur plein d’ambition
Je formais le projet d’épouser la Beauté
La divine Poésie qui niche dans l’Azur
Je suis parti : je narre ici mes aventures !
« Tel Museme[1] le héros mythique et Ngalya[2]
L’héroïne de contes de mon enfance
Je ferai le voyage des fols audacieux
Par monts et par vaux je partirai au loin
J’irai vers le Nord par air et par mers
Et j’écrirai des chants et ferai des vers »
Ainsi me disais-je tout ému et tout pur
Salivant à penser à mes futures aventures
« Je volerai tel Museme l’antique héros
Dans le géométrique sillage des oiseaux
Qui migrent au gré des vents et de leurs instincts
Dans l’immense azur je partirai au loin
J’irai chercher l’or là-bas tout au nord
Loin de mauvais sorts et loin de la mort »
Ainsi me disais-je tout ému et tout pur
Salivant à penser à mes aventures futures
« Tel Ngalya l’héroïne, dans l’eau je me fondrai
Clandestin parmi les bancs de poissons dorés
Les vagues inspirées m’emporteront au loin
Docile je suivrai la baleine et le requin
Je volerai leurs œufs, secrets en vue de chants
Que je pondrai au nord où mènent les courants »
Ainsi me disais-je tout ému et tout pur
Salivant à penser à mes aventures futures
Ce fut l’enfance et l’esprit plein de visions
J’écoutais des contes, je rêvais, je pleurais
Puis l’adolescence : le cœur plein d’ambition
Je formais le projet d’épouser la Beauté
La divine Poésie qui niche dans l’Azur
Je suis parti : je narre ici mes aventures !
Cet écrit est roman, qui conte en poèmes
Ma venue en Europe, qui fut vrai bohème.
Le voyage en lui-même fut carême,
Période de privations, d’angoisse et même
De quête d’une âme qui m’aide et m’aime
De manière réelle, douce mais extrême.
J'ai rencontré des événements et des personnages,
Et mes rêves se sont mués en mots sages ;
J'ai admiré l'Afrique et ses paysages,
Puis la mer, le naufrage, la peur et la nage
M'ont livré à l'Europe, mon rite de passage !
Je me suis tant cherché qu'en fumée s'est envolée
Ma réalité : en roman rimé, elle renaît !
En querelle avec moi-même plus qu'avec le monde,
Ma Parole contre le Verbe entre en fronde.
Maîtres d'initiation, venez à mon secours ;
A l 'amour de la vie, j'ai osé faire la cour :
Les mots m'emprisonnent pour crime de faconde,
Et comme ils me torturent dans leur folle ronde!
From : kiantede_p_nzogu@yahoo.com
Date: Tue, 2 Apr 2013 09:25:54 -0700
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