Date: Wed, 21 Dec 2011 08:34:59 +0000
Subject: Déclarations des intellectuels katangais
Maître Louis-Marie, WALLE Lufungula, au deuxième tour, après celui du mercredi 10 avril 2019, que cet ancien magistrat du parquet de Grande Instance de Goma, devenait le troisième gouverneur élu de la Province mythique de la Tshopo. Il n'a pas laissé au Gouverneur sortant Constant LOMATA aucune chance pour se succéder à lui-même ! Dix-sept voix obtenues sur les 27 votants alors qu’au premier tour il avait eu sept voix, poursuivi par C. LOMATA qui en avait six.
Dans les rues "boyomaises sans FIL", c’était une liesse populaire : des cris de joie, des klaxons de taximen-motos retentissaient partout. Pour saluer l'arrivée à la tête de la TSHOPO, d'un digne fils, avec espoir « cette dernière va bientôt avoir une nouvelle ère pour son décollage et son développement », mais c'était sans compter avec la meute des sorciers et autres chiens enragés déterminés à faire descendre, par tous les l'apôtre et l'envoyé du Maitre pour le développement et la promotion de la Province.
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Pour rappel, Louis Marie Lofungola avait démissionné du PPRD pour se présenter en indépendant avec comme vice-Gouverneur, M. Maurice ABIBU Sakapela Bin Mungamba, ancien journaliste de la RTNC/Kisangani, grand défenseur du RCD/Goma à Kisangani, il fut ministre provincial en charge de l'Intérieur, Sécurité du premier gouverneur de Province M. Jean ILONGO Tokole, premier Gouverneur de la Tshopo issue de la province Orientale démembrée.
WALLE Lufungola, qui est-ce ? Juriste de formation, né à Yangambi un certain 25 juillet 1964. Il a fait ses humanités Latin Philo au Collège Maele à Kisangani, ses études de Droits à l’Université de Kinshasa. il fut nommé magistrat au parquet de Grande Instance de Goma. De là, il embrassa la carrière politique avec "l'avènement de conglomérat des opportunistes et aventuriers de l’AFDL" du Mzee Laurent Désiré KABILA. En 1996, à Kisangani, il fut nommé Premier Secrétaire Provincial de l'AFDL, fonction supposé à tort comme supérieur à celui du Gouverneur de Province ! Il quitta ses fonctions du Directeur Général du Journal Officiel de la RD Congo, avant de poser sa candidature au poste de Gouverneur de province. Marié et Père de cinq enfants, le troisième Gouverneur de la Tshopo, Louis marie WALLE Lufungola, conscient de l'envoutement voir du signe indien qui poursuit la TSHOPO depuis l'indépendance nationale, avec des guerres et tueries à répétition (rébellion 1964, mercenaires de tout bord, l'avènement des opportunistes et aventuriers de l'AFDL, qui confia la Province à DIEU (Jésus) en organisant une Prière Œcuménique à l'Esplanade de la poste de Kisangani.
Depuis lors, tous les sorciers et autres esprits malins s'acharnent contre lui avec des accusations mensongères. Mais le Maitre de l'Univers est toujours avec lui et malgré tout, il tient bon et ses compatriotes l'ont surnommé, "TCHUMA ya MOTO càd barre de fer chaud", qu'on ne serait tenir à mains courantes !
Malgré des complots ourdis des sorciers de tout acabit, Me LM WALLE L. résiste encore aux ouragans des motions à répétition qui secouent des Institutions Provinciales à travers la RD Congo ! Visé par une deuxième motion de censure signée par 14 élus sur les 28 députés de la province de Tshopo, WALLE Lufungula et toute son équipe gouvernementale ont pu saisir la COUR constitutionnelle et l'Assemblée provinciale notifiée, aurait dû ne pas aller jusqu'au bout, en votant leur motion de censure, initialement signé par 14 élus, ce sont 17 députés qui ont voté ladite motion, sans atteindre le quorum requis en pareille situation. Ayant constaté l'erreur, ils auraient établi un Procès-verbal en dehors de l'Assemblée Provinciale : "faux usage de faux"! Ainsi la Cour Constitutionnelle est saisie de toutes ces irrégularités.
Mais les prétendus connaisseurs de la chose juridique ne s'entendent pas sur la surséance de l'action (!), attendons l'Institution ayant qualité et autorité pour interpréter la LOI, la Cour Constitutionnelle. D'ici là, le combat cessa faute de combattants et les affidés de chaque camp se battent dans les réseaux sociaux.
Pourtant "Nul ne peut être jugé deux fois pour les mêmes faits " ! En effet, l’exécutif provincial est notamment accusé de "manque de vision claire de développement, des actions hasardeuses, à bâton rompu, clopin-clopant et clairement prédatrices, une gestion «opaque et calamiteuse» des finances publiques ainsi que le détournement de 2,5 millions de dollars américains....”
Absent à la fameuse séance où il était attendu pour répondre aux accusations contenues dans leur motion, SEM le Gouverneur WALLE, à travers une lettre adressée au bureau de cette assemblée, les invita à la sagesse afin d’éviter «une énième humiliation (!)». En effet, SEM le Gouverneur, Louis-Marie Walle Lufungula dénonce l’attitude des députés, qui reviennent sur un problème déjà tranché en sa faveur aussi bien par la cour d’appel que par la Cour constitutionnelle.
Evoquant le principe général de droit selon lequel "nul ne peut être jugé deux fois pour les mêmes faits", afin d'«éviter une énième humiliation à la population de la Tshopo par des actions irréfléchies et hasardeuses des députés provinciaux».
Wait and see ....jusqu'à la fin de la procédure devant la COUR constitutionnelle. Dans l'entre-temps, un général de la PNC qui a tenu imprudemment "la barre incandescent LMWL", en a eu pour son compte !
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Chers tous,
Le débat sur la proclamation, par la CENI, des résultats provisoires de l’élection présidentielle, en RDC, devient passionnant et surtout passionné au sein de notre forum. Beaucoup d’intervenants pensent malheureusement avec leur cœur en lieu et place de réfléchir avec leur tête. Tout ce « marchandage électoral » me semble un passage du coq à l’âne sans transition aucune. C’est l’une des raisons qui explique mon grand silence dans ce tourbillonnement inutile des cœurs. J’essaie donc d’éviter, au possible, cette pente dangereusement glissante où certains esprits malins voudraient nous conduire. En ce qui me concerne personnellement, je n’ai aucun avis à émettre sur ce qui s’est réellement passé puisque vivant actuellement en dehors du pays. Mais, comme la plupart d’entre nous, je m’informe et me forme davantage grâce aux nouveaux moyens de communication (sociale) : radio, TV, presse écrite, Internet, téléphone, etc. Sans porter un jugement de valeur sur ce fameux scrutin, j’apprends –et c’est le cas de beaucoup d’entre nous– qu’au niveau de la CENI, rien n’a été organisé dans les règles de l’art. En d’autres mots, si l’on se réfère à la carte sociologique ou aux données ethnologiques des résultats publiés par la CENI, il y a lieu d’arguer que les élections n’ont pas été tenues dans les conditions optimales requises. Sans verser dans la polémique en cours, ceci relève au moins d’une certaine véracité des faits du terrain.
Si j’interviens aujourd’hui, c’est juste au sujet de la question traitant de l’Église catholique congolaise qui semble aujourd’hui diabolisée à outrance sur LISAGO à la suite de la prise de position de son Cardinal concernant ces élections qui, véritablement, nous divisent plus qu’elles nous unissent dans notre famille des intellectuels de la grande Province Orientale. Dans cette option, je ne cherche pas à savoir qui a raison et qui a tort. Je donne ici simplement mon point de vue autour de cette question, sur la base d’une certaine expérience. Dans un ancien message dans ce même forum, j’avais souligné une question véridique, relative au fait que chaque membre de LISAGO sait pertinemment bien « qui roule pour qui » ou « qui est qui » au travers de nos interventions multiformes. Chacun de nous sait donc désormais « avec qui » composer dans notre forum. Tout cela en dehors bien sûr de tout le « tralala identitaire» que nous exprimons quotidiennement en rapport avec notre unité et fraternité. Ceci me paraît une évidence. Pour être concis, je me penche sur une double problématique abondamment abordée dans LISAGO : le cas de l’Église catholique au Congo dans son ensemble et celui du Cardinal Laurent MONSENGWO PASINYA.
1. De l’Église catholique romaine au Congo
Dans une intervention datant de juillet 2009 en réponse à un frère qui éprouve du mal à accepter le bien-fondé de l’Église catholique en RDC, j’avais essayé de me casser en mille morceaux pour démontrer le bien qu’apporte cette Église confessionnelle au service de la population congolaise. Présente sur toute l’étendue de la RDC dans ses 47 diocèses catholiques, notre Église se distingue largement dans les actions sociales en faveur des plus pauvres et des démunis : services de développement bien structurés, œuvres médicales à la hauteur, œuvres sociales au chevet des masses rurales et urbaines, meilleurs hôpitaux et centres de santé, meilleures écoles primaires, secondaires et universités, etc. Ceci démontre que l’Église catholique a été et reste toujours aux côtés des plus faibles. Qui ferait mieux dans un pays où la majorité des citoyens « se débrouillent » pour survivre ? C’est là toute la question… Sans minimiser le rôle aussi capital et salutaire joué par les autres Églises traditionnelles (les protestants ou baptistes, les méthodistes, les kimbanguistes, etc.), j’estime tout de même que l’Église catholique reste largement unique en son genre, différente de toute la cohorte des « BINZAMBI NZAMBI » et d’autres « nouveaux messianismes » disséminés en RDC et qui font gravement la honte de notre pays. D’ailleurs si cela dépendait de moi, toutes ces « officines pécuniaires » seraient fermées il y a belle lurette.
Au terme de ma réaction, ce quidam et opposant farouche à l’Église catholique avait semblé me donner raison, mais malheureusement en débitant d’autres conneries et absurdités pour se faire valoir de notre opinion. Je vous raconte cette petite anecdote juste pour vous dire que, dans LISAGO, il est des gens [« sunt qui » comme disaient les Latins] qui n’acceptent et n’accepteront jamais une quelconque action qui vienne de l’Église catholique, fut-elle bonne… Ceci me pousse à croire que nous avons, dans le forum, d’éminents scientifiques et savants qui n’écoutent que les pulsions de leur cœur. Faudrait-il continuer à débattre dans ce cas ? Je pense sincèrement que NON. Bien plus, dans notre forum, j’ai comme l’impression qu’il y a peut-être des gens qui n’ont rien à faire, en se consacrant essentiellement à l’Internet pour s’opposer à tout. Comment croirait-on alors à notre « objectivité scientifique » dans ce cas de figure ? Voilà pourquoi je recommande à mon jeune frère et Révérend Père Thomas GETUMBE de se consacrer entièrement à sa formation et à son ministère ecclésial, sans jamais se laisser distraire par l’écoute des chants de ce genre de sirènes qui existent et existeront toujours tant que l’Homme vivra sur la terre. Car un arbre tordu ne change jamais de forme. Sauf si l’on décide de l’abattre…
2. Du Cardinal Laurent MONSENGWO PASINYA
En abordant ce second volet de mon analyse, je précise que je ne parle pas de Laurent MONSENGWO PASINYA comme individu ou citoyen congolais, mais bien du rôle et du pouvoir qu’il assume au sein de l’Église catholique au Congo-Kinshasa, même si les deux aspects restent étroitement liés à l’homme en question. Dans ce cas, permettez-moi de faire un certain « méli-mélo » dans ce sens. Je précise encore que je n’émets aucun avis sur la vérité ou la fausseté de la dernière sortie médiatique du Cardinal sur les élections en RDC puisque je ne détiens actuellement aucun élément probant à ce propos. Je tente de parler uniquement de sa charge apostolique. Soyons donc clairs là-dessus. Je le fais d’ailleurs en peu de mots.
Comme beaucoup des membres de LISAGO, je suis un chrétien pratiquant et un laïc catholique engagé. Je suis actuellement engagé dans divers mouvements catholiques ici à Louvain-la-Neuve, avec mes amis de la communauté congolaise. C’est pareil quand je suis au pays (Diocèse d’Isangi et/ou Archidiocèse de Kisangani). En tant que tel, j’ai toujours appris que l’Église catholique est hiérarchique (mais pas dictatoriale) : le Pape ou Évêque de Rome, les Évêques des autres Églises particulières ou nationales, les Prêtres, les Religieux et Religieuses, suivis de la communauté des fidèles disséminés dans l’univers. Dans cette structure hiérarchique de l’Église, le service reste collégial puisque le Pape est toujours en communion de foi avec tous les autres Évêques du monde. Et, dans chaque pays, tous les Évêques sont en communion entre eux et avec leurs prêtres, etc. C’est si simple à comprendre. C’est pour dire qu’il n’y a pas un « plus Évêque » qu’un autre. Ici tout est clair. Je recommanderais même aux chrétiens catholiques qui auraient des lacunes à ce sujet de parcourir tous les volumes du « Saint Concile de VATICAN II ». Cependant, il y a celui que nous appelons le « Primus Inter Pares », c’est-à-dire le « Premier parmi les égaux ». C’est assurément le Pape ou l’Évêque de Rome qui est assis sur la chaire de Pierre ou des apôtres Pierre et Paul. De lui et de ses divers services émanent les directives de l’Église universelle. Ainsi, une parole ou une décision du Pape a-t-elle force de loi sur l’ensemble de l’Eglise catholique romaine. Ceci n’est pas un dogme mais une vérité établie sur la profession de notre foi catholique, datant de Jésus lui-même et des apôtres, en parfaite harmonie avec la tradition multiséculaire de l’Église.
Dans chaque pays (permettez-moi ce pléonasme), les Évêques sont réunis dans une assemblée de communion fraternelle où l’un deux en est choisi comme Président ou Coordonnateur des activités. C’est un mandat rotatif qui permet à chaque Évêque d’assumer cette charge honorifique. Prenons, à titre exemplatif, le cas de notre pays. Sous la deuxième république, nos Évêques étaient réunis dans la CEZ (Conférence Épiscopale du Zaïre), devenue aujourd’hui CENCO (Conférence Épiscopale Nationale du Congo) suite au changement du nom du pays (Zaïre en République Démocratique du Congo). Dans cette conférence et comme je venais de le dire, le Président n’est pas plus Évêque que les autres. Il a juste une mission de coordination de l’action épiscopale nationale. C’est pourquoi il ne peut se prononcer sans demander l’avis de ses pairs. Ici encore, tout reste clair.
Parmi les organes de la CENCO, citons les deux principaux : l’Assemblée Générale des Évêques (tous les Évêques congolais) et le Comité Permanent qui réunit uniquement le Président et quelques Évêques membres des Commissions spécialisées ou particulières. Dans ses prérogatives, le Comité Permanent détient le droit de se prononcer au nom de tous les Évêques congolais sans passer par l’Assemblée Générale dont les réunions sont périodiques. Est membre de l’Assemblée Générale tout Évêque ou Archevêque congolais. Sont membres du Comité Permanent l’Évêque Président de la CENCO et les autres Évêques qui président les commissions spécialisées.
Dans les pays où l’Église détient un Cardinal, celui-ci est de droit membre du Comité Permanent. C’est le cas de la RDC aujourd’hui. Ainsi, comme Évêque et Archevêque, Laurent MONSENGWO PASINYA est membre de l’Assemblée Générale des Évêques de la CENCO. Et en tant que Cardinal, il est membre de droit de son Comité Permanent. Pourquoi en est-il un membre de droit ? Justement parce qu’il porte la dignité cardinalice que tous les autres Évêques ne détiennent pas. Comme Cardinal, qu’il soit plus jeune ou vieux, il est considéré comme l’aîné des autres Évêques sur qui il possède une préséance canonique et honorifique. A lui seul et dans certains cas, il détient le droit d’engager toute l’Église congolaise sans nécessairement passer par la CENCO. Ce que ne peut faire Monseigneur Nicolas DJOMO, Évêque de TSHUMBE et Président actuel de la CENCO sans l’aval de ses pairs. C’est pour dire que quand le Cardinal se prononce pour la vérité, il engage toute l’Église de son pays. Il est, comme l’on dit, le Prince, le Primat et, en quelque sorte, le Chef de l’Église catholique romaine en RDC. Comme le Pape pour l’Église universelle, un Cardinal reste bel et bien le « Primus Inter Pares » en rapport avec les autres Évêques d’une Église particulière (ses confrères dans l’épiscopat). Ceci est une illustration parfaite de la situation ecclésiale en RDC. Essayons de voir ailleurs : bien que retraités ou démissionnaires aujourd’hui, c’est encore le cas des Cardinaux TUMI au Cameroun et de DANEELS ici en Belgique pour ne citer que ces deux exemples. Pour prendre ce dernier cas, Monseigneur André LÉONARD, l’actuel Archevêque de Bruxelles-Malines, consulte toujours le Cardinal DANEELS pour des questions importantes se rapportant à la marche de l’Église particulière de Belgique. C’est pareil dans le monde entier au sujet de l’Église catholique romaine. Etant humain, je puis aussi me tromper et d’autres frères et sœurs pourraient me compléter. Mais, jusqu’ici en tout cas, c’est cette vérité-là que l’Église m’a toujours enseignée.
Revenons, à propos de nos élections, aux dernières déclarations du Cardinal Laurent MONSENGWO PASINYA que je ne commente nullement car je ne sais pas s’il avait menti ou dit la vérité. Qu’il ait dit le mensonge ou la vérité, sa parole reste la position de tous les autres Évêques congolais qui le considèrent comme leur « aîné pastoral » et qui se reconnaissent en lui par le biais de son ministère cardinalice. Comme lui, tous les autres prélats ont été nommés et ordonnés Évêques. Lui, en plus, a été créé Cardinal. C’est là toute la différence. Pour preuve, depuis ses dernières déclarations (bonnes ou mauvaises), Monseigneur Nicolas DJOMO (Évêque de TSHUMBE et Président de la CENCO) ne l’a jamais désavoué ni contredit jusqu’à ce jour. Pour la gestion du temporel et pour toute chose d’ailleurs, tous les Évêques restent donc solidaires. Qu’on se le dise !
« Alea jacta est »… A mon avis, les déclarations du Cardinal ne changeront pratiquement rien sur les résultats des élections présidentielles en RDC. Mais, comme intellectuels et chrétiens, reconnaissons au moins que c’est cela la position de l’Église catholique congolaise. Comme je l’ai découvert dans certains messages, il est vrai qu’un chrétien laïc peut être élevé à la dignité cardinalice… Mais cela reste terriblement difficile de nos jours. En dehors de certains pays occidentaux (Italie, Espagne, Portugal, Allemagne…) qui détiennent plus d’un cardinal ou beaucoup de cardinaux, je me demande vraiment comme l’Église peut élever un laïc à cette dignité dans un pays où l’on ne compte qu’un Cardinal pour plus de cinquante Évêques (ordinaires, coadjuteurs et auxiliaires). Dans l’intention OUI, mais en réalité nous attendrons encore longtemps. C’est pour dire que c’est tout simplement un bon pieux vœu…
Que dire en guise de conclusion ? En dehors de sa mission prophétique, religieuse, sacerdotale, épiscopale et cardinalice, Monsieur Laurent MONSENGWO PASINYA reste d’abord un homme et un citoyen congolais parmi tant d’autres. En tant que tel, il n’a pas que des admirateurs. Je dirai même que, comme une figure nationale et internationale, ses détracteurs sont légion et/ou beaucoup plus nombreux. Nombre des Orientaux (ex-Haut-Zaïrois) que nous sommes ne lui pardonneront jamais sa gestion soi-disant « chaotique » et « tribaliste » de l’Archidiocèses de Kisangani. Beaucoup d’autres Congolais lui en veulent pour « sa supposée corruptibilité qui aurait entraîné l’échec de la CNS (Conférence Nationale Souveraine) ». Tout cela reste à mettre dans le lot de ceux qui ne l’aiment pas et qui le critiquent aveuglement. C’est vrai que comme humain, l’Archevêque de Kinshasa a ses faiblesses et défauts. Sinon, parmi nous, qui ne les détient pas pour qu’il lui jette la pierre en premier lieu ? N’oublions pas facilement que c’est aussi un savant qui a de nombreuses qualités humaines.
En définitive et pour moi, j’aime le Cardinal comme une personne humaine et comme mon propre Pasteur. Je suis un chrétien catholique et fier de l’être. En tant que tel, je dois beaucoup d’estime et de respect envers le Cardinal, les Évêques congolais, nos prêtres, les religieux et religieuses qui nous indiquent quotidiennement les voies du Seigneur. J’aime aussi tous mes frères et sœurs chrétiens dans la foi. J’éprouve également beaucoup de respect pour les Pasteurs des autres Églises, sauf bien sûr les charlatans, avides d’argent, qui appauvrissent davantage nos populations plus pauvres et vulnérables. Ici à Louvain-la-Neuve par exemple, mes meilleurs amis sont des musulmans. Je l’avais déjà signifié dans une livraison antérieure. Assurément, le cœur de l’homme a ses raisons que la vraie raison ignore… L’on a toujours accusé son chien de rage quand il s’agit de le faire noyer. Vrai ou faux ? A chacun d’entre nous d’y répondre. C’est ici que se pose, avec acuité, la question d’objectivité scientifique et/ou humaine dans tous nos débats souvent partisans. C’est bien moi qui le dis… Comme mot de la fin, je tiens à souligner que je suis moi-même apolitique, un simple et pauvre doctorant qui n’a ni coloration politique ni tendance aucune. Mais, un jour, si je rencontre mes anciens maîtres et professeurs d’université en sociologie, j’aurai certainement quelques questions à les poser. LISAGO étant un forum d’indépendance d’esprit et de pensée, j’ai cru utile de partager avec vous cette modeste analyse. C’est à prendre ou à laisser. Libre cours à chacun…
Louis BASINGA
LLN, Vendredi 16 Décembre 2011 2h06
De retour de Bunia
Ce que j’ai observé avant, pendant et après les élections du 28 novembre 2011
Le commencement
Un après-midi de fin septembre 2011. Une amie m’appelle et me demande de faire partie du groupe des observateurs EURAC pour le compte de l’Union Européenne. J’hésite longtemps (je suis toujours un national congolais et non européen). Je finis par lui répondre le 04 octobre après une quatrième relance. Le groupe est composé des ressortissants belges, britanniques, espagnols, français, hollandais, italiens…
En font partie un panel des Congolais d’origine. Je suis conscient que le travail peut s’avérer délicat. Je choisis de voyager incognito. Je ne m’annonce nulle part, tant en Europe que chez des frères et sœurs vivant en RD-Congo. Je me mets à l’abri et je les épargne de filatures, sait-on jamais.
Avant
Contexte politique
Situation générale calme. Ambiance dominée par les candidats de la majorité présidentielle. Agitation et suspicion internes dans l’AMP du fait de la compétition entre candidats de cette famille politique. Sur les 122 candidats du territoire d’Irumu (comprenant la Ville de Bunia), 76 candidats étaient de la majorité sortante.
Pour les présidentielles, cinq candidats étaient connus des populations, à savoir : Kabila, Kamerhe, Tshisekedi, Mbusa Nyamwisi et Kengo.
Le samedi 26 novembre 2011, confronté à la carence d’équipements et des matériels non fournis auprès des observateurs locaux du réseau RENOSEC, j’ai été sollicité pour mettre à disposition les fiches d’observation, de les photocopier et de former, en 3 heures de temps, les 160 partenaires à déployer sur les deux territoires d’Irumu (dont la ville de Bunia) et de Djugu (territoire le plus peuplé du Congo).
Observation pré-électorale
Campagne : candidats, slogans, moyens déployés, programmes, incitations à la violence…
De manière très apparente, il y avait une disproportion des moyens entre le candidat n° 3 (Kabila) et les autres compétiteurs. Sur toutes les places, ses posters et les slogans de sa campagne ont occupé les espaces visibles. D’autres candidats étaient absents. A Bunia, par endroits, on pouvait voir, à peine, une ou deux affiches, de Kamerhe et Nyamwisi. Partout ailleurs, dans la périphérie et dans les villages, seul le candidat Kabila était visible.
Le samedi 26 novembre, dernier jour de la campagne, il n’y a que les militants du PPRD qui ont organisé une manifestation avec un défilé de femmes le long du boulevard central de la Ville de Bunia avec clôture en musique, tambours et danse.
Rôle des médias et accès aux médias
A Bunia, les gens captent les stations de Kinshasa et bien d’autres radios locales. Radio Okapi a joué un rôle déterminant pour donner l’information, en continu, sur les élections, y compris pour transmettre les consignes de la CENI à son personnel (malheureusement, les agents de la CENI ne pouvaient les suivre, car ils n’avaient pas de poste radio dans les bureaux de vote). Pour ce qui est de la télévision, sur les grandes chaînes RTNC (publique) et Digital Congo (chaîne privée), les messages en faveur du candidat Kabila étaient omniprésents (ses meetings dans les Villes du pays, les spectacles et chants en son honneur, les travaux des 5 chantiers etc.).
Sécurité
A Bunia (territoire d’Irumu), tout était calme. Même dans la petite portion du territoire où opèrent les ex-rebelles de l’UPC commandés par un certain Cobra Matata, la MONUSCO a pris des dispositions pour sécuriser les populations et garantir le bon déroulement des opérations de vote.
Degré d’information et de préparation de la population
La sensibilisation de la population a été le parent pauvre pour ces élections présidentielles et législatives de 2011. Ni les ONGs, ni les partis politiques, n’ont pris à cœur de former et de conscientiser les électeurs sur les enjeux et sur le sens du vote. A l’Est du pays, pour les paysans, le vote en faveur de Kabila les préservait du retour à la guerre et aux violences. Pour des populations qui gardent de nombreux traumatismes et séquelles des conflits répétitifs, agir sur cette corde sensible leur parlait directement par rapport à leur vécu. Elles ne pouvaient, par elles-mêmes, sans encadrement adéquat, accéder aux notions de démocratie, d’Etat de droit, ni comprendre l’impact de la qualité des dirigeants élus sur l’amélioration du bien-être des citoyens et sur le développement économique du pays.
Préparation logistique du scrutin
Cet aspect a été très chaotique. Le matériel et les kits électoraux ont été acheminés avec beaucoup de retard, parfois la veille, voire, le jour même du scrutin dans les villages éloignés des centres villes.
Le dimanche 27 novembre 2011, grâce à l’appui des partenaires locaux, membres de réseaux CCRI et RENOSEC, avec mes deux compagnons observateurs espagnols (Alicia et Ramon), nous avons profité d’une jeep pour vérifier le déploiement et la sécurisation des matériels et des kits électoraux dans la périphérie de la ville de Bunia. Ainsi, nous avions pu emprunter la route Bunia-Mahagi-Watsa jusqu’au centre de Nizi-Barrière, à une trentaine de kilomètres, dans le territoire de Djugu.
Dans les entrepôts de Kilo-Moto à Nizi Barrière, la Monusco débarquait encore les kits qu’il fallait acheminer, nuitamment, par motos et jeeps dans les villages pour le vote prévu, le lendemain, à moins de 8 heures.
Au Centre local de compilation des résultats de Nizi-Barrière (territoire de Djugu), le matériel informatique et de télécommunications venait d’être livré avec des cartes Sim pour corriger localement des erreurs apparentes sur des listes électorales à afficher dans les bureaux de vote.
Autres remarques ou observations
Lors de notre visite effectuée le dimanche 27 novembre dans le territoire de Djugu, à 30 Km de Bunia, nous avons pu mesurer l’ampleur des problèmes logistiques rencontrés par les agents de la CENI. Le matériel et divers kits arrivaient en vrac. Il fallait procéder à leur installation. Tout comme il fallait corriger les cartes Sim dans lesquelles il y avait de nombreuses erreurs. De longues files de personnes se bousculaient pour régulariser leur situation et figurer sur les listes de dérogation afin de pouvoir voter …
S’il fallait appliquer les dispositions de la loi électorale stipulant que le matériel devait être installé dans les sites de vote, au plus tard, 48H avant le jour du vote, l’ensemble du processus de vote devait être déclaré nul et, par conséquent, tout le processus électoral en devrait être invalidé.
Pendant les élections
A 5H00 du matin, des électeurs étaient présents en grand nombre pour accomplir leur devoir civique. Entre 06H et 06H25, la plupart des bureaux de vote étaient ouverts. Avant le début du vote, le Président du bureau de vote, les mains chaussées de gants, soulevait les urnes en plastique à l’intention des publics, pour montrer qu’elles étaient vides, avant de les refermer.
Cependant, des gens erraient, ci et là, pour savoir dans quel bureau de vote ils allaient voter. Aucun dispositif d’information n’était mis en place pour gérer la désorientation générale vécue par plusieurs électeurs à cause de la délocalisation et du transfert d’un grand nombre de bureaux de vote à l’intérieur des sites de vote. Par ailleurs, des malades et des personnes âgées fatiguées montrent des signes de fatigue pour cause d’errance entre plusieurs sites de vote afin de trouver leurs noms. A partir de 11H jusque 15H, beaucoup abandonnent et rentrent chez eux, sans voter.
Jusques fin de l’après-midi, des électeurs assiègent le bureau du Président du centre de vote pour obtenir de figurer sur la liste de dérogation et pouvoir enfin voter. Visiblement, le Président du bureau de vote n’a reçu aucune consigne (la CENI diffuse des communiqués pour les électeurs et pour son personnel à la Radio Okapi).
En notre qualité d’observateurs, comme nous suivons des messages diffusés par la CENI à la Radio Okapi qui instruit tous les centres de vote du pays de permettre à tout électeur de voter, nous conseillons au Président du bureau de vote d’être pragmatique, de prendre des feuilles blanches et de dresser des listes de dérogation avec les personnes présentes et de les autoriser à voter dans les bureaux de vote sur la base de ces listes.
Irrégularités observées :
En raison de la présence massive des témoins des partis politiques et de l’exiguïté des salles de classe devenues bureaux de vote, certains isoloirs étaient rapprochés des témoins et étaient, dans bien de cas, à découvert du côté du Président du bureau de vote et des témoins qui pouvaient observer le vote de l’électeur.
Le Président du bureau de vote répétait aux électeurs (en swahili) de voter au dos de la liste des candidats. Il s’agissait d’une consigne pour favoriser une liste des candidats d’un parti politique figurant au dos de la liste.
Excédé par cette attitude, je me suis permis de faire remarquer au Président du bureau qu’il arrête d’influencer le vote des électeurs.
Au centre de vote de l’EP Sukisa, un observateur local m’informe que la Police signale la présence dans une des salles de classe du matériel de vote et de kits électoraux estampillés avec le numéro 3 sur les cartons d’emballage.
Nous aurons la preuve de cette publicité subliminale destinée au personnel du bureau de vote en nous procurant un encrier dans lequel le numéro 3 est bien visible, de manière ostentatoire.
Estimation du taux de participation en fin de journée
En début de journée, dans tous les sites de vote que nous avons visités dans la Ville de Bunia, les Présidents attendaient par bureau de vote environ 600 électeurs. A la clôture des opérations de vote vers 18H, les bureaux de vote ont enregistré entre 300 et 380 électeurs.
Du fait du désordre qui a régné pour retrouver les noms sur les listes résultant de la délocalisation de plusieurs bureaux de vote, ainsi au moins 50 % d’électeurs se sont finalement rétractés et ont regagné leurs domiciles sans voter.
Autres remarques ou observations
Un constat général : une agitation totale régnait dans les enceintes des centres de vote. Au bureau de la CENI, à la Grand Poste de Bunia, pendant toute la journée du 28 novembre se formaient des files de personnes qui, pour plusieurs raisons, étaient, soit en déplacement, soit qu’elles avaient perdu leurs cartes d’électeurs et cherchaient à figurer sur les listes de dérogation afin de pouvoir voter.
Dans les centres et bureaux de vote, aucun dispositif ne prévoyait d’informer ou d’orienter les gens qui étaient en difficulté. Certains candidats députés (au moins deux bien visiblement excédés et très irrités), de la majorité présidentielle même, voyageaient sur différents sites sans identifier les bureaux dans lesquels ils devaient voter !
En revanche, à l’intérieur, tout était calme. Dans les bureaux, le vote se déroulait normalement. Juste quelques cas d’énervements à signaler entre les Présidents des bureaux de vote et les témoins des partis politiques, en surnombre, qui ne voulaient pas respecter la consigne d’une rotation entre les groupes de témoins.
Pour cause, dans la pratique, les témoins ne pouvaient pas tous prendre place sur les sièges réservés dans les salles de classe (10 ou 15 places alors que 450 partis participaient à la joute électorale).
Observation post-électorale
Dépouillement
Le personnel commis à la tâche dans les bureaux de vote (Président du bureau, assesseurs, secrétaires etc.) n’avait pas été formé par la CENI. Au bureau de l’EP Sukisa, après le dépouillement (étalé de 21H jusques minuit trente) des résultats des élections présidentielles, la rédaction du PV pour ce premier round a pris deux heures de temps !
Par la suite, le dépouillement des résultats des législatives fut un véritable casse-tête. Vu le nombre de candidats, il n’y avait pas assez de places dans le bureau de vote pour ranger (classer) les listes par candidat voté. Avec la fatigue, certains Présidents de bureau de vote se sont endormis sur les bancs laissant les témoins poursuivre le comptage des voix. Dans un des bureaux de vote de l’EP Sukisa, comme les résultats étaient mélangés avec de nombreuses erreurs humaines, on a dû refaire le comptage des voix pour les législatives le mardi 29 novembre 2011, de 12H à 17H.
Communication des résultats
Sur chaque site de vote, les résultats de bureaux de vote étaient affichés et pouvaient être consultés. Nous avons ainsi pu collectionner les résultats affichés sur le site de l’EP Nyakasanza (site 16639) et sur celui de l’ISP-Bunia, Cabane de SHARI / IDAP (site 16641).
Compilation (pour les observateurs qui ont suivi la compilation)
Le mercredi 30 novembre 2011, nous nous sommes présentés au centre local de compilation des résultats basé à la Grand Poste de Bunia. Vers 13H, le Commissaire de District a procédé à l’inauguration officielle des opérations de compilation. Au passage, dans son allocution, il a remercié la délégation de l’Eurac d’avoir marqué sa présence ce processus de vote.
En réalité, nous avons assisté à la mise en place du bureau, à la connexion des équipements et du matériel de transmission. Les sacs contenant les bulletins de vote et les procès-verbaux de dépouillement arrivaient et étaient jetés sur le sol, sans rangement, faisant transformer les locaux en véritables décharges pour stocker et détruire les ordures. Les agents de la CENI étaient groupés en 5 catégories chargées respectivement de : (a) centralisation, (b) collationnement, (c) dépouillement, (d) compilation I et II, avec 3 ordinateurs, et (e) apurement – archivage.
Nous ne pouvions aller plus loin dans l’observation de la compilation, car nous devions repartir pour Kinshasa le jeudi 1er décembre au matin, à 09H. En posant les pieds à Kinshasa à 17H, nous devions aussitôt être embarqués dans le premier vol SN Brussels Airlines du soir (23H) conformément à l’ordre d’évacuation reçu par tout le groupe dès le mercredi 30 novembre en fin de journée.
Cependant, face à la vérité des faits, s’agissant de la compilation, avec quelques collègues, nous avions exprimé une certitude : il sera impossible de compiler tous les résultats et de les publier le 06 décembre 2011. D’autant que dans certaines localités du territoire de Djugu (fort isolées et difficilement accessibles), on votait encore le jeudi 1er décembre 2012 !
Conclusions de l’observation
La première irrégularité à signaler porte sur le déploiement du matériel et des kits électoraux qui a été chaotique sur l’ensemble du pays. L’équipement de certains bureaux de vote s’est fait la veille (27 novembre) ou encore le jour même des élections (28 novembre). Il en va de même des listes électorales affichées dans plusieurs sites de vote la veille des élections. Si l’on peut comprendre qu’il y ait des difficultés réelles pour accéder à certains coins à l’intérieur du pays, les retards observés dans la Ville de Kinshasa, à certains endroits, n’ont aucune justification.
Quelles sont les défaillances à pointer? dans le chef de qui ?
Au lieu de s’attarder sur les effets et les conséquences observables en aval, il sied de remonter à la source, au point de départ : l’installation de la CENI est intervenue en mars 2011. Dès lors tout s’est déroulé dans la précipitation, sur base du syndrome calendaire selon lequel, il fallait coûte que coûte et, vaille que vaille, organiser les élections à la date du 28 novembre 2011. Tout ce qui s’ensuit découle de cette obstination. En pièces jointes, des photos d’une liste électorale pour la circonscription du territoire de Djugu (Ituri). Au recto, figurent des candidats du territoire de Gemena (Equateur). Au verso, la suite des candidats pour le territoire de Djugu. Et même, à ce niveau, les numéros des candidats ne correspondent pas avec ceux publiés officiellement. Le candidat 137 a vu ainsi ses électeurs voter pour un autre candidat puisqu’il s’est retrouvé au n° 141 sur la liste.
Quelles sont les recommandations que vous formuleriez ?
D’aucuns ont estimé que les dés sont jetés et qu’on ne peut plus reculer, en fondant l’espoir que les prochaines consultations électorales pourront se dérouler dans les meilleures conditions. Si tel était le cas, par rapport à 2006, on aurait pu noter une évolution positive du processus en 2011. Ce qui manifestement n’est pas le cas. En termes d’organisation, il faut noter une forte régression.
Plus fondamentalement, je suis d’avis qu’il faut alors, cette fois-ci, ne pas arrêter la machine et poursuivre le processus jusqu’à l’organisation des élections communales et locales afin de parachever l’édifice institutionnel basé sur le processus électoral. S’il y a une pression à maintenir, c’est de veiller à l’achèvement du processus électoral prévu jusqu’en 2013.
Par la suite, au lieu d’attendre d’arriver à 2015 pour se lancer dans une nouvelle course de 100 m, le gouvernement et le parlement devront, dans chaque exercice budgétaire (déjà pour l’exercice 2012-2013), voter un budget pluriannuel en prévision des élections de l’an 2016.
Je pense aussi qu’il est de la responsabilité des institutions d’appui à la démocratie et de divers partenaires, d’aider le gouvernement congolais à mieux exercer son rôle de régulateur de la vie politique nationale. Il n’est pas pensable, au nom de la liberté d’association, de permettre à 450 partis politiques de fonctionner, au risque de semer la confusion et le désordre.
Dans cet ordre d’idées, on peut d’ailleurs remarquer que ce sont les candidats des listes des partis de la majorité présidentielle qui ont gonflé inutilement les listes des candidats aux élections législatives, pour des raisons purement et bassement lucratives. Beaucoup espéraient empocher l’argent qui serait débloqué par la machine PPRD et ne même pas battre campagne.
En outre, les récriminations et les réclamations le jour du vote provenaient plus des candidats de la majorité que de l’opposition. Tous se soupçonnaient les uns les autres de vouloir tricher afin de mieux se classer et gagner les places utiles par rapport au nombre de députés par circonscription.
Ce type de comportement qui avait déjà cours dans l’assemblée nationale où les députés de la majorité devaient percevoir de l’argent avant de voter a introduit une perversion dans le système qu’il importe d’éradiquer.
Mes réflexions personnelles
Ma préoccupation personnelle a toujours été d’éviter d’hurler avec les loups. Je considère ainsi qu’à partir du moment où le 15 janvier 2011, le parlement avait voté la modification de la constitution par un vote présidentiel à un tour, le vers était dans le fruit. Pour reprendre la métaphore, « le camion roulait droit dans le mur ».
L’opposition congolaise pouvait-elle se regrouper autour d’une candidature unique et contrer la manœuvre ? Des officines et des analystes du Congo peuvent répondre que cela ne pouvait pas se produire, connaissant les rivalités, les appétits des uns et des autres et surtout le manque de clairvoyance des acteurs politiques congolais, de tous temps.
Finalement, mon intérêt personnel a été d’être un témoin oculaire de ce moment historique que vit notre pays. Dans le cadre des préparatifs de la mission d’observation des élections en RD-Congo, j’ai assisté en Belgique à une conférence tenue le 18 novembre, au Parlement belge, à laquelle étaient conviés le 1er Vice-Président de la CENI, le Prof Jacques Djoli, une représentante de l’opposition, la députée Elysée Dimandja et un représentant de la société civile, M. Gérard Bisambu, Secrétaire Général d’AETA (Association pour des Elections Transparentes et Apaisées).
Le 23 novembre 2011, à Kinshasa, nous avions eu des échanges, sans langue de bois, avec l’Ambassadeur de Belgique à Kinshasa.
Les organisateurs au niveau du Congo et les représentants des bailleurs de fonds (alias la communauté internationale) fondaient leurs analyses sur des indicateurs pré-électoraux sécurisants ci-après :
- Pas d’alerte dans les ambassades
- Déploiement de la police et même formation de la LENI (légion nationale d’intervention) initiée à l’utilisation des armes non létales ;
- Cantonnement des forces armées non impliquées dans le processus électoral ;
- Contention des groupes rebelles à l’Est ;
- Accalmie relative de la population dans tout le pays, malgré les tensions bien observables au sein de la population de la Ville de Kinshasa.
Je m’étais permis, par moments, de signaler à ces différents interlocuteurs qu’il fallait intégrer dans leurs schémas les facteurs suivants qu’ils avaient ignorés jusque-là :
- La non sensibilisation des populations aux enjeux du processus électoral ;
- Le comportement ou réactions imprévisibles des populations lors des publications des résultats ;
- L’influence de la diaspora congolaise dans le débat et dans l’opinion sur les résultats.
Trois semaines après ces échanges, je ne peux que constater (modestement et avec regret, sans jubilation) que toutes mes remarques étaient prémonitoires et se réalisent, à l’heure actuelle. Même à l’étranger, des voix discordantes se font entendre sur la crédibilité des élections. Pour me limiter à la Belgique, au Nord (la partie flamande), des voix s’élèvent, notamment à la télévision, pour dénoncer les irrégularités et des dysfonctionnements du processus électoral, images à l’appui. Pendant ce temps, du côté francophone, il est de coutume désormais de trouver des parrains pour tel ou tel homme politique congolais, en fonction des couleurs ou des partis politiques francophones belges.
À mon humble avis, compte tenu des enjeux du moment, il importe d’écarter des lunettes partisanes ou idéologiques pour scruter la situation du Congo au jour d’aujourd’hui. Maintenir les catégories traditionnelles d’analyse de la réalité congolaise est une fausse route, avec des considérations telles que, par exemple : les populations tiraillées par la faim, sans force et minées par la pauvreté ne peuvent protester et envahir les rues pendant de longs jours face aux forces de répression, ou encore, la diaspora congolaise est formée d’opportunistes, d’éternels opposants pour justifier leur présence à l’étranger et ceteri, et cetera.
Un nouveau phénomène sociologique, une nouvelle dynamique sociale, une nouvelle conscience politique prennent place auprès des masses congolaises, de par le monde. Des décennies d’épreuves ont fini par allumer chez les Congolais une conscience d’appartenance et d’identification à une mère patrie, à un socle commun, bien au-delà des particularismes, de régionalismes et de tribalismes.
Une bonne grille de lecture intellectuelle, critique et dialectique, peut nous permettre de saisir, en instantané, et de comprendre les vacillements de cette nouvelle naissance ou de la renaissance de ce patriotisme congolais. Ce mouvement latent voguera au gré des vagues, à la recherche des points de cristallisation, autour des personnes (en 2006 autour de Bemba et en 2011 autour de Tshisekedi), de courants de pensée (Bundu dia Kongo), de revendications (diaspora congolaise), etc.
Certes, tous les points importants ne peuvent être abordés dans ce rapport, tels que la valence intrinsèque de chaque candidat … C’est un fait dramatique qu’il n’y ait eu aucun débat de fond entre candidats, ni aucune explication sur la vision de la société promise par les divers protagonistes. C’est à se demander pour quel but ou à quoi servent finalement les élections au Congo ? À en juger par la légèreté et l’indigence des programmes ou messages véhiculés lors de la campagne électorale.
Sur la possibilité des tricheries, sans les exclure, il faut être honnête pour dire que les observateurs internationaux ne pouvaient être déployés que dans les principales agglomérations (les villes), sans possibilité d’aller vers le Congo profond, à l’intérieur du pays, dans les villages. Malgré tout, il faut faire remarquer la vigilance des populations qui communiquent et qui s’échangent des informations par Gsm sur tout le territoire et, à l’étranger, à la vitesse de la lumière.
De plus, la Police est impayée depuis près de 12 mois (du reste, en période électorale, les enseignants étaient en grève). Comme la police était chargée de sécuriser les urnes, souvent ce sont les policiers qui signalaient pas Sms toute manœuvre suspecte aux populations qui débarquaient dans les minutes suivantes et surprenaient les éventuels faussaires ou tricheurs.
Sur ce point, je voudrais reprendre ici la phrase du Prof Djoli, 1er Vice-Président de la CENI, lors de la conférence tenue le 18 novembre à Bruxelles : « Là où les observateurs internationaux peuvent être utiles, c’est dans les villages et non dans les villes. Car, comme vous le savez, nos villages et diverses contrées éloignées, sont de véritables trous noirs dans lesquels, à la faveur de l’obscurité totale qui y règne, tout peut arriver, des bourrages des urnes jusqu’à la rédaction de faux procès-verbaux de vote ».
Enfin, comment les gens ont-ils voté à l’Est du pays ? De l’avis des observateurs de notre groupe (Eurac), les Congolais de l’Est ont voté trois candidats : Kabila, Kamerhe et Tshisekedi. C’est le choix des électeurs. Nous devons respecter leurs choix.
La tendance dans les agglomérations allait en faveur de Joseph Kabila. Dans les villages, Tshisekedi avait la préférence. Dans le Nord-Kivu, Mbusa Nyamwisi a glané des voix dans son fief. Et dans le Sud-Kivu, Kamerhe coiffait les deux grands challengers. La seule certitude statistique à observer, c’est que contrairement à 2006, le Chef de l’Etat a perdu le monopole des voix dans les Provinces de l’Est, qu’il a partagées avec deux challengers (Kamerhe et Tshisekedi).
Maintenant que la CENI a publié les résultats des compilations donnant au Chef de l’Etat 49 % des suffrages et à Tshisekedi 32 %, ceux qui en ont la possibilité ont le loisir de confronter les résultats officiels publiés par la CENI avec ceux affichés le jour du dépouillement des résultats (qui le pourrait ? car, même avec ses 30.000 observateurs, l’Eglise catholique n’a couvert que 23% du territoire national). En cas de contestation, la voie est ouverte à 63.865 contentieux qu’il est impossible à la Cour suprême d’instruire (la Ceni a créé 11.611 sites de vote, 16.948 centres de vote et 63.865 bureaux de vote).
Sur le plan scientifique, je m’interroge personnellement sur la possibilité statistique pour 1 candidat sur 11, au premier tour, de pouvoir rafler la mise jusqu’à 49 % des suffrages ? D’autant que personne ne peut affirmer qu’il y a eu un raz-de-marée électoral pour un candidat dans tout le pays. Ainsi donc, en toute vraisemblance, les résultats publiés par la CENI correspondraient plutôt aux résultats d’un vote pour un deuxième tour. C’est encore-là une des magies dont seul le Congo a la clé d’interprétation et de connaissance.
Avant de terminer, reconnaissons que le Congo va mal aujourd’hui et que l’avenir est incertain. Certes, Kinshasa n’est pas tout le Congo. Autant la capitale est en ébullition, autant la tranquillité peut s’observer dans plusieurs coins du pays. Néanmoins, en tant que mégapole, la capitale développe une sous-culture spécifique dont l’impact peut avoir un effet d’entraînement sur tout le pays. Même pour l’intérieur du pays, de vraies inquiétudes demeurent pour l’avenir : que signifie le vote pour des populations analphabètes, à plus de 90%, dans les Provinces ?
En conclusion : les gens étaient néanmoins contents du rendez-vous et de l’habitude prise, tous les 5 ans, de se confronter aux urnes pour le verdict. Les prochaines fois seront meilleures, espèrent-ils. Toutefois, il n’y a jamais de réalité spontanée. Tout est un construit social, économique et politique, sur base des rapports de force. C’est à l’élaboration de cet édifice que chacun de nous doit mettre la main à la pâte.
Fait à Bruxelles, le 14 décembre 2011
Prof Arthur YENGA Maombe Neko
+32-478/361818