jeudi 9 avril 2015
RDC : Endémique et fatale corruption
Même si en décembre 2013, la R. D. Congo améliorait son rang au classement Transparency International des nations les plus corrompues, la situation e réalité reste préoccupante. C’est que, comme chez un autre champion qu’est le Cameroun, on vit la situation au quotidien et à tous les niveaux.
Malgré la multiplication des dispositifs, il n’est pas un seul secteur qui ne soit touché par le phénomène. Dans un document exhaustif paru il y a plusieurs mois, Marie Chêne de Transparency International décortiquait les mécanismes de la corruption en RDC. Les éléments qui s’y retrouvent demeurent totalement d’actualité.
La petite et la grande corruption, ainsi qu’un réseau complexe de clientélisme politique, s’insinuent dans tous les secteurs de l’économie, sapant les perspectives de développement et mettant en péril l’équilibre fragile de l’après-conflit, indique-t-elle. Et en dépit de ses richesses minérales considérables, l’extraction des ressources naturelles est toujours associée à une corruption généralisée, y compris au sein des forces armées, entraînant la violence, l’insécurité et le mécontentement de la population. La corruption au sein de l’administration douanière et fiscale, ainsi que dans la gestion des entreprises publiques, mine la capacité de l’État à percevoir des recettes et à sortir de l’ornière de la mauvaise gestion, du conflit et de la pauvreté.
Dans ce contexte, explique Marie Chêne, le pays dispose de moyens limités pour relever les défis que posent la gouvernance et la corruption. Rien n’indique qu’il existe une volonté politique forte de combattre la corruption ou que des progrès ont été accomplis en termes de lutte anti-corruption durant la période d’après conflit. Bien que, sous la pression de la communauté internationale, d’un dispositif juridique solide ait récemment été mis en place pour enrayer la corruption, celui-ci n’en demeure pas moins peu efficace. Le pouvoir judiciaire souffre d’un manque de ressources et de capacités. Il est, de surcroît, confronté à de grands défis en matière d’indépendance, d’ingérence politique et de corruption. Les autres institutions de gouvernance sont, quant à elles, faibles ou inexistantes. Les médias et la société civile agissent dans le cadre d’un environnement restreint, et courent de grands risques d’intimidation, d’arrestation et de harcèlement dès qu’ils dénoncent la corruption qui sévit dans le secteur public.
Le chercheur congolais Oasis Kodila Tedika renchérissait dans une analyse du même calibre en distinguant quelques formes communes de corruption. La corruption comme récupération principalement faite par les forces de police envers les automobilistes. La corruption comme bonne manière à intégrer dans le registre de compassion, de savoir-vivre, de générosité, de courtoisie ou de solidarité. La corruption comme privilège exercée par les agents de l’État qui se disent incontournables. La corruption comme pression sociale et redistribution où on exige de ses proches d’obtenir des faveurs. La corruption comme défi et mimétisme parce que tout le monde le fait.
Bien entendu, au-delà de ces faits communs règne la grande corruption, celle qui gangrène l’économie congolaise et lui fait perdre légitimité et revenus. Les principaux secteurs touchés sont l’exploitation minière, l’exploitation forestière, l’administration fiscale et douanière, les grandes entreprises d’État. Dans ces domaines, le manque à gagner pour le pays est effroyable. D’énormes ressources financières manquent ainsi à la colonne des revenus de l’État qui peine alors à livrer les plus élémentaires des services en éducation et en santé.
En connaît-ton réellement le coût ? Dans l’un des rares audits réalisés à cet effet en 2008 par la Bertelsmann Foundation, on évaluait déjà à près de 2 milliards $US, le montant détourné par différentes agences publiques et parapubliques. Systémique, le problème ne pourra être atténué puis éradiqué par la mise en place de mécanismes institutionnels fort, dans lesquels la société civile aurait une représentation permanente. C’est le prix à payer par les tenants du pouvoir qui, malheureusement ne tiennent absolument le perdre, ainsi que les avantages et privilèges qui y sont associés.
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