Cher frère Lokongo,
1. Est-ce "l'Eglise notre MERE",
comme vous l'écrivez, qui maltraite ses enfants, ou sont-ce des êtres humains
qui, au mépris de leurs engagements sacerdotaux, qui se méconduisent de
diverses façons ? Faut-il confondre une institution avec une minorité de
ses membres ? Devons-nous, par exemple, dire que tous les Congolais sont
des criminels et des corrompus, juste parce que nos dirigeants, dont surtout
Joseph Kabila et ses collaborateurs, sont des criminels et des prédateurs
financiers à très large échelle ?
2. Si l'Eglise catholique était cette
institution aussi corrompue que vous la décrivez, pourquoi continuez-vous à
soutenir un Joseph Kabila qui a utilisé et essaye d'utiliser encore cette
institution, via la CENCO, pour manipuler les masses congolaises, afin de
rester aux affaires après la fin de son mandat constitutionnel ? Votre
"champion", contesté par la majorité des RD Congolais, catholiques,
d'autres dénominations religieuses ou non croyants, ne réalise-t-il pas que
cette Eglise catholique reste l'institution sociale la plus respectée, car la
plus moralement crédible ?
3. Lors d'une intervention antérieure, je
vous avis suggéré de faire campagne afin que les écoles et les hôpitaux soient
arrachés à notre Eglise, et que l'Etat kabiliste s'occupe seul de la santé
publique et de l'instruction publique, qui sont parmi ses fonctions sociales
"régaliennes". Mais il semble que vous voulez à la fois
instrumentaliser une Eglise qui, depuis belle lurette, est prise en charge chez
nous par des nationaux et s'est donc éloignée de la tare initiale du colonialisme,
tout en la diffamant pour affaiblir sa voix morale qui condamne les agissements
anti-congolais des barbares kabilistes.
4. Soit dit en passant, les évêques de la
CENCO étant des RD Congolais, dans le cadre de l'Etat laïc qu'est
constitutionnellement notre RDC, personne ne peut leur refuser de s'exprimer
sur les affaires de notre commune République. Ce serait dénier les droits
politiques et civils à des citoyens RD Congolais!
5. Vos écrits anticatholiques reflètent
votre dépit envers cette institution dans laquelle vous étiez, librement,
engagés, et à un niveau professionnel de "clercs" (titre plus éminent
que celui se simples fidèles que nous autres sommes), et que, tout aussi
librement, vous avez décidé de quitter. Votre comportement est d'autant plus
incompréhensible, sinon condamnable, que vous avouez vous-même qu'après votre
départ de la voie du clergé, l'Eglise catholique qui vous avez offert
scolarisation (gratuitement j'imagine, contrairement à nous dont les parents
devaient payer des frais d'école), a continué à vous offrir un travail de
journaliste dans un de ses organes de presse. Ce qui vous donné non seulement
un revenu, mais surtout une expérience professionnelle, ainsi que des activités
qui ont certainement contribué à votre formation intellectuelle.
6. D’ailleurs, il me semble exister des
contradictions intrinsèques à vos diverses accusations contre le christianisme.
Par exemples : selon vous le message en serait originellement africain,
mais que vous le qualifiez dans le même temps de véhicule d'asservissement
culturel à l'étranger; qui est, comme toute religion, lieu de rencontre entre
chaque âme individuelle et Dieu, mais où vous voulez que l'institution entière
- donc nous aussi - soit comptable devant Dieu des dérives comportementales de
certains; dont vous dites admirer les œuvres sociales, tout en lui refusant de
critiquer des dirigeants d'Etat qui sabotent ces œuvres sociales qui,
légalement, devaient plutôt être leur charge; etc.).
7. Au-delà de ces distorsions dans votre
raisonnement, vu votre parcours dans cette Eglise et tout ce que vous y avez
reçu, n’y a-t-il pas, dans votre chef, le témoignage d'un degré d'ingratitude
qui frise un grave déficit moral ? D’ailleurs, votre insistance sur les
seuls scandales sexuels, me parait dénoter un goût morbide de la luxure (un des
5 péchés capitaux, selon Saint Thomas d’Aquin, un disciple de Saint Augustin,
un catholique Africain qui a entrepris, par rapport à l’Eglise catholique, un
itinéraire contraire au vôtre).
8. Comme je vous ai écrit antérieurement,
vous m’apparaissez comme porteur d’un lourd fardeau psychologique, probablement
lié aux circonstances, dont je ne connais pas les détails, qui vous ont amené à
quitter l'habit religieux (car, chez vous, il semble n'y a voir eu que l'habit,
sans la conviction spirituelle). Cherchez une aide psychologique
professionnelle. Cela vous permettrait peut-être d'être en paix avec vous-même
et avec vos choix successifs de vie. Vous seriez plus à même de poursuivre de
manière sereine votre vie ainsi que vos combats intellectuels. Je constate que
ces combats recèlent certains aspects qui relèvent du patriotisme et d'une
certaine noblesse humaniste!
9. C'est un conseil de compatriote et de
frère. Je vous le donne gratuitement. Votre féroce agressivité envers l'Eglise
catholique, qui était votre milieu de formation et de vie, témoigne d'une
séparation ancienne mais qui est encore génératrice de ressentiment et
d'angoisse chez vous! Soignez cette blessure intime, au lieu de projet une
haine autodestructrice sur une institution qui fait du bien -
vraiment beaucoup de bien - aux plus faibles de nos compatriotes, eux les
damnés de la terre, les délaissés par des dirigeants gouvernementaux qui les
violentent et s’enrichissent en pillant des biens communs de la nation !
10. Comme vous êtes un
« docteur » universitaire, et donc un lettré et un homme de lectures
pour alimenter les réflexions, je vous suggère quelques livres, articles,
films, parmi les milliers produits autour des sujets dont nous discutons :
- Attachement et perte,
volume 2 : La séparation, angoisse et colère, par John Bowlby et Bruno
Panafieu, 3ème édition, 1998
- Eglise catholique et mutations
socio-politiques au Congo-Zaïre. La contestation du régime de Mobutu, par
Clément Makobio, Paris : L’Harmattan, 2004
- « Religions et cultures
traditionnelles africaines », dans : Théologies africaines 84/2,
2010 : pp. 191-205
- « Le rôle public de l’Eglise
catholique en Afrique », par Ludovic Lado, s. j., dans : Etudes,
revue de culture contemporaine, 2012/9 : pp. 163-174
- La vision de Dieu, de Saint
Augustin l’Africain
- La cité de Dieu, de Saint
Augustin l’Africain
- Les confessions, de Saint
Augustin l’Africain
- Luxure. Une histoire entre péché
et jouissance, par André Rauch, 2016, Paris : Armand Colin
Au-delà de plusieurs films érotiques sans
importance « philosophique », il y a un abord plus psychologique de
la luxure dans, par exemples :
- Luxure , un film
réalisé en 1961 par Jacques Demy (France) ; ou
- On trouve dans le film coréen
(directeur : Kim Ki-duk, 2003) intitulé Printemps, été, automne, hiver… et printemps' (Bom
yeoreum gaeul gyeoul geurigo bom, en aglais : Spring, Summer, Fall,
Winter… and Spring ») l'évocation de la luxure: "La luxure
engendre le désir de posséder, et le désir de posséder, celui de tuer."
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18362275&cfilm=53773.html,
consulté ce 8.8.2017
11. Bonne journée, et que Dieu nous soutienne dans le juste combat pour
débarraser la RDC de Joseph Kabila et des impies qui l'aident à détruire notre
nation!
NZOGU BIN KYANTEDE P R
Lumumbiste et Panfaricain
Catholique croyant
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