samedi 26 janvier 2013
Libération : le 6 octobre 2012, par Maria Malagardis
Ce n'est pas une thèse géopolitique,
sociologique ou historique sur l'état du plus grand pays d'Afrique
subsaharienne, le Congo-Kinshasa, ancien Congo belge, aujourd'hui république
démocratique du Congo (RDC). Le livre de David Van Reybrouck est cependant un
peu tout cela, la magie en plus. Congo. Une histoire est un roman épique
racontant le destin inouï d'un pays qui a été exposé à la mondialisation dès le
XIXe siècle. Pays phare, pays miroir de la société mondiale au fil des siècles,
mieux, des millénaires. Et si la plume de David Van Reybrouck est bien celle
d'un romancier, ses héros sont de «vrais gens» que l'on suit au gré des
événements depuis… 90 000 ans ! On dévore cette œuvre littéraire, que l'on soit
ou non féru de cette partie du monde. Une lecture indispensable pour comprendre
ce qui se joue aujourd'hui au cœur de ce continent agité depuis le commencement
de l'humanité.
Pourquoi
vous êtes-vous intéressé au Congo ?
J'ai souvent pensé
qu'au Congo, on voit les deux extrêmes de l'humanité. Des gens très émouvants,
très courageux, qui font face à une cruauté, voire à des atrocités incroyables.
La forme que cette cruauté prend à l'est du pays est excessive, la violence
extrême. Mais l'idée de ce livre m'est venue parce que je souhaitais le lire et
qu'il n'existait pas. En 2003, avant mon premier voyage au Congo, j'avais
cherché en vain un ouvrage de ce genre dans les librairies de Bruxelles. Un
livre qui raconterait l'histoire du pays, de façon à la fois historique et
littéraire. En tant qu'archéologue et préhistorien, j'ai toujours été passionné
par l'Afrique. J'ai aussi subi l'influence de mon père qui a vécu au Congo
avant ma naissance, même s'il me parlait peu de cette période de sa vie. J'ai
finalement écrit ce livre en m'inspirant du style d'un ouvrage paru dans les
années 80 sur l'Australie : The Fatal Shore, de Robert Hughes.
Une publication a
priori inclassable, comme l'avait d'ailleurs déjà écrit mon éditeur sur la
manchette de mon premier livre, le Fléau. En fait, le terme qu'on utilise en
anglais est «non-fiction littéraire». C'est une tendance très populaire dans le
monde anglo-saxon. Le seul exemple que je connaisse en France est le livre de
Jean-Paul Kauffmann, la Chambre noire de Longwood, sur la maison de Napoléon à
Sainte-Hélène. Ce sont des ouvrages qui se situent toujours entre
l'historiographie académique, la littérature et le journalisme. C'est entre ces
trois pôles-là que je me place dans Congo. Mon idée était aussi de rendre
compte de l'histoire du pays bien avant la colonisation. J'ai voulu remonter
jusqu'à la préhistoire, au premier homme. Il était important de faire un grand
saut en arrière pour montrer que l'histoire ne commence pas avec l'arrivée de
Stanley [en 1874, ndlr] ou avec les explorateurs européens.
Vous
avez choisi de suivre des personnages, africains ou non, des grands témoins et
acteurs, à charge pour eux de narrer leur histoire et donc l'Histoire.
Oui, je raconte
l'Histoire à travers des histoires. Au début, je voulais rattacher chaque
chapitre à un témoignage particulier. Mais je me suis aperçu que les
personnages qui avaient vécu dans les années 50 se retrouvaient aussi dans les
années 60. Les existences épousent le fil de l'Histoire. J'ai travaillé six ans
sur le Congo pour ce livre, en faisant des allers-retours plutôt que de m'y
installer afin de garder un œil neuf. A chaque voyage, j'avais de nouvelles
questions en tête. Au total, j'ai fait une douzaine de séjours. A deux
reprises, je me suis retrouvé embarqué dans un voyage officiel, ce qui m'a
permis de constater l'isolement des diplomates et des politiques qui
appréhendent la réalité depuis leur bulle, entre la voiture climatisée,
l'hôtel, la salle de réunion…
Selon
vous, c'est la mondialisation qui crée les tensions ethniques, lesquelles sont
avant tout urbaines.
En effet, le Congo
n'est pas le théâtre d'une sorte de sauvagerie surgie de la nuit des temps, et
qui nous conduirait Au cœur des ténèbres. J'ai d'ailleurs horreur de cette
image qui colle au Congo depuis ce livre de Conrad. Même si les formes que
prennent ces conflits peuvent parfois sembler archaïques, la résurgence de
références ethniques, et donc identitaires, est liée à des enjeux très modernes
: surpopulation, ressources rares, multiplication des armes et des groupes
armés dans un Etat en faillite, corruption endémique, capitalisme le plus
sauvage qu'on puisse imaginer, et qui déshumanise. Sous la pression des réseaux
économiques, démographiques, militaires, on assiste ainsi à une accélération de
la prise de conscience tribale. A l'est, il y a eu aussi les conséquences du
génocide au Rwanda qui s'est répercuté dans le Congo voisin. J'évoque dans mon
livre un témoignage : «Moi, enfant, je ne savais pas que dans ma classe il y
avait des Tutsis. J'avais une amie tutsie, on voulait se marier mais, tout d'un
coup, ce n'était plus possible.» En Belgique aussi, l'ethnicité prend de
l'importance. Ce sont des questions qui ne sont pas figées depuis la nuit des temps,
au contraire. Rien n'est aussi liquide que l'identité.
Quel est
le moteur le plus important de ce retour à l'ethnicité ?
La surpopulation
est un facteur très sous-estimé. Pourtant, quand on regarde la carte
démographique de l'Afrique, on distingue quatre gros cercles et un nuage. Les
quatre cercles signalent les immenses métropoles africaines du XXIe siècle : Le
Caire [Egypte], Lagos [Nigeria], Kinshasa-Brazzaville [de part et d'autre du
fleuve Congo], puis Johannesburg et Pretoria [Afrique du Sud]. Sur cette même
carte, il y a une sorte de nuage : la région des Grands Lacs. Je crois que
l'homme est capable de survivre dans des contextes extrêmement peuplés comme
Lagos, Tokyo ou Mexico tant qu'il y a un lien avec un arrière-pays qui parvient
à nourrir ceux qui vivent dans les capitales. En Afrique centrale, surtout dans
la région des Grands Lacs, avec cette très forte progression démographique, ce
n'est pas le cas, et c'est nouveau pour la planète : pour la première fois, des
zones rurales sont touchées par la surpopulation.
Il y a
au Congo un nombre incalculable de langues et de dialectes. Or la langue est un
moyen de se distinguer…
Oui, mais la
conscience identitaire ne lui est pas forcément liée. Encore une fois, c'est
plutôt le contexte qui joue. Je pense que les groupes sociaux émergent ou se
renforcent quand ils se sentent menacés. La langue peut alors devenir le moteur
d'un discours identitaire.
Même si
la résurgence du phénomène est récente, la colonisation n'a-t-elle pas joué un
rôle dans cette prise de conscience ethnique ?
Oui, certainement.
On envisage souvent la pensée ethnique comme quelque chose d'archaïque, de
rural et de précolonial, alors que je constate que c'est un phénomène colonial,
récent et très urbain. Mes recherches m'ont conduit à repérer comment cette
pensée s'est enracinée pendant les années 20 et 30. Des bureaux ethnographiques
ont été créés entre les deux guerres. A cette époque, l'ethnographie se
référait à l'anthropologue américain Franz Boas : il a été le premier à faire
du terrain et à vivre avec des sociétés non occidentales, alors que, jusqu'à la
fin du XIXe, un anthropologue restait avant tout un intellectuel de salon qui
lisait dans son bureau le rapport des missionnaires ou des explorateurs.
Après les études de
Boas, on a commencé à classifier les tribus et à bétonner des différences selon
des catégories parfois superficielles, ignorantes des réalités plus subtiles de
la vie des communautés locales, qui d'ailleurs ne se reconnaissaient pas
exclusivement dans ce découpage. Les missionnaires ont été les premiers à
appliquer cette façon de considérer les autochtones. Ils ont appris aux ethnies
à se distinguer les unes des autres. Les écoliers devaient chanter : «Nous
sommes de telle tribu et nous en sommes fiers.»
Une pensée éthique
s'est installée d'autant plus facilement que ces missionnaires, souvent de
souche flamande, ont évangélisé dans les langues locales pour mieux
s'implanter. Cette conscience ethnique a donc été transmise par les
missionnaires. Quelqu'un né en 1890 au Katanga ne connaissait même pas
l'existence de l'océan. Vingt ans plus tard, ses enfants allaient à l'école
chanter des chansons sur les Pygmées, les Bangala, les Bakongo ou les Bashi.
Des chansons qui véhiculent des stéréotypes et creusent un fossé entre les
différentes communautés.
Mais ce
territoire n'avait pas forcement vocation à être une nation…
Le Congo, tel que
l'a conçu le roi Léopold II [de Belgique], était un découpage artificiel. Et
par la suite, il y a très souvent eu des tentations sécessionnistes, du
régionalisme. Il ne faut pas forcément habiter un vaste territoire pour être
régionaliste : regardez la Belgique ! S'il y avait un référendum aujourd'hui
pour savoir si les Congolais veulent découper leur pays par régions, le résultat
serait largement favorable au maintien de l'intégrité nationale. En fait, la
conception ethnique de la société s'est forgée durant la période de la
colonisation, puis a connu une première accélération, après l'indépendance,
avec l'émergence des séparatismes. C'est finalement Mobutu qui a créé un
sentiment de fierté à l'échelle nationale, la fierté d'être congolais, ou
plutôt zaïrois à l'époque, puisque le pays a été rebaptisé Zaïre avant de
redevenir le Congo après la chute de Mobutu. Reste que, sur cet immense
territoire (de la même taille que l'Europe de l'Ouest), Mobutu a réalisé en dix
ans ce que l'Union européenne n'a pas pu faire en soixante ans : créer un
sentiment national, un sens d'appartenance.
Mais à
quel prix ?
Je ne défends pas
Mobutu bien sûr ! Dans les années 80-90, il s'est laissé entraîner dans une
dérive dictatoriale meurtrière. Mais, durant les dix premières années de son
règne, entre 1965 et 1975, ce despote, qui avait fait pendre trois ministres et
un sénateur, a aussi forgé une identité nationale. C'était un militaire, il
avait également été journaliste. Après son coup d'Etat, il s'est appuyé sur
l'armée et les médias. Il a créé une pensée ethnique et tribale, mais qui
englobait cette fois tout le Congo. Comme si c'était un village dont il était
le grand chef. C'est peut-être l'héritage le plus important de Mobutu et de
cette époque. Car, pour le reste, l'Etat a fait faillite sous sa férule. Sa
politique économique et monétaire a été catastrophique. Son œuvre agricole, de
même. Mais son bilan sur l'imaginaire, sur le sentiment d'appartenance à une
communauté nationale a encore un impact aujourd'hui. C'était un grand
communicant, il s'est notamment servi de la musique de façon exceptionnelle
pour promouvoir sa politique et sa vision du pays. Il l'a utilisée comme
vecteur d'une conscience nationale.
Vous
êtes assez sévère avec Patrice Lumumba, que Mobutu a fait assassiner pour
s'installer au pouvoir.
Je ne suis pas
sévère, mais j'essaie de dresser un bilan de l'action de Lumumba, comme de
celle de Mobutu, Kabila ou Léopold II, et de comprendre ce que font les gens
dans le contexte de leur temps, sans donner des jugements de valeur a
posteriori, selon les critères de nos jours. Lumumba a été un penseur hors du
commun, un orateur extraordinaire, qui a eu une vision nationale alors que ceux
de sa génération avaient une vision tribale. Il avait aussi une vision sociale,
quand les autres avaient une vision élitiste.
Mais il a été très
impatient de revendiquer une indépendance immédiate, intégrale et
inconditionnelle, avec très peu d'expérience et très peu de personnel capable
de gérer les instances militaires, économiques, politiques : il y avait seize
diplômés universitaires à l'indépendance ! Sa vision était correcte, son
impatience l'a fait basculer.
Cela dit, il a dû
fonctionner dans un contexte très difficile, tout le monde était contre lui. Il
avait raison de vouloir africaniser l'armée, constituée d'officiers blancs et
de soldats congolais, mais il n'aurait pas dû le faire du jour au lendemain,
dès l'indépendance.
Depuis, le Congo
n'a jamais eu d'armée régulière qui puisse incarner l'Etat. Il a aussi eu tort
d'envoyer cette armée peu structurée combattre la sécession kasaïenne : le prix
humain fut très lourd, on parla même d'un génocide. Cependant, la plus grande
erreur a été commise par les Belges quand, onze jours après l'indépendance, ils
ont expédié leurs militaires pour restaurer l'ordre. Dans un pays indépendant !
La Belgique aurait dû faire appel à l'ONU. Lumumba a, lui, d'abord demandé le
soutien des Nations unies, puis des Américains, sans succès. Il s'est alors
tourné vers les Soviétiques et la guerre froide s'est étendue à l'Afrique pour
la première fois. Aujourd'hui, il faut distinguer le martyr de l'homme Lumumba.
Son mythe reste intact. C'est un symbole incroyable, une figure clé de
l'indépendance. Il continue d'incarner l'autonomie, une Afrique audacieuse,
aspirant à la modernité et à la liberté.
Le Congo
n'a pas connu la démocratie…
En 2006 pourtant,
lors de la première élection de Joseph Kabila, le peuple congolais a montré une
maturité impressionnante. Mais il aurait fallu tenir des scrutins locaux,
provinciaux, parlementaires et la présidentielle, dans cet ordre-là. Or, on a
commencé par les législatives, la présidentielle, puis les provinciales, les
locales n'ont jamais eu lieu. C'était une grave erreur. Les élections locales
devaient être le premier pas et la présidentielle venir plus tard. Aujourd'hui
encore, les élections ne servent pas à connaître la volonté du peuple, mais à
donner des gages à la communauté internationale. Celle-ci n'est pas dupe, mais
a, jusqu'ici, plus ou moins accepté cette illusion hypocrite. Les élections
sont désormais la référence absolue de la démocratie : si on vote, c'est que ça
va mieux. Dans les années 90, démocratie et droits de l'homme sont devenus les
critères et les cris de guerre de toute interférence internationale. Avec cette
pseudo-solution : il faut organiser des élections le plus vite possible. Est-ce
la chose la plus importante à faire, quelques années après une guerre, dans des
Etats qui n'existent pas ?
L'Occident souffre
de son fondamentalisme électoral. C'est une nouvelle évangélisation où les
tours de scrutin font office de sacrements : la forme l'emporte souvent sur le
contenu. Or, outre le fait que les cafouillages et les fraudes contredisent
cette logique, on ferait peut-être mieux de préférer la démocratisation de la
société et de la vie politique à la démocratie : favoriser l'émergence d'une
presse libre, d'une conscience critique et citoyenne, du débat politique, de
l'éducation. Car les élections, hélas, ne prouvent rien, ne résolvent pas les
problèmes. On le voit bien au Congo où Joseph Kabila s'est déclaré réélu en
2011, alors que l'opposition dénonçait un scrutin irrégulier.
Dans ce
contexte, François Hollande a-t-il bien fait d'accepter de se rendre,le
week-end prochain, à Kinshasa pour le sommet de la Francophonie ?
Mes sentiments sont
doubles. Le Congo est un des plus grands Etats francophones au monde. Je trouve
honorable que ce pays qui a beaucoup souffert accueille le sommet de la
Francophonie. Il ne faut pas l'isoler de la scène internationale. En même
temps, j'ai du mal à accepter que tous ces leaders occidentaux qui n'ont pas
protesté quand le régime actuel a changé la Constitution [le scrutin
présidentiel a été réduit à un tour, au lieu de deux précédemment, ce qui a
énormément favorisé la réélection de Kabila], que tous ceux qui n'ont pas
dénoncé les irrégularités des élections, se dirigent maintenant vers Kinshasa.
Qu'ils le veuillent ou non, ils avalisent un régime dont on ne reconnaît pas la
légitimité.
Est-ce que ce ne sont pas ses richesses qui
ont perdu le Congo ?
C'est vrai, ce pays
regorge de ressources dont les populations n'ont jamais profité, mais dont
l'exploitation et le pillage reflètent les grandes étapes de
l'industrialisation occidentale. A chaque fois que le capitalisme mondial a eu
besoin d'une matière première stratégique, il l'a trouvée au Congo. D'abord les
esclaves entre les XVe et XIXe siècles, l'ivoire au XIXe, qui a servi à faire
les notes des pianos, les boules de billard, etc. Puis vint l'ère du caoutchouc
: les besoins en Europe étaient immenses et Léopold II a exploité au prix
d'innombrables atrocités cette ressource disponible dans les grandes forêts du
pays. Durant la première moitié du XXe siècle, ce fut le temps du cuivre.
Pendant les deux Guerres mondiales, comme pendant celles de Corée et du
Vietnam, les Américains ont puisé dans les ressources congolaises. La bombe de
Hiroshima a été conçue avec de l'uranium provenant du Congo ! En clair, ce pays
a joué un rôle militaire dans l'histoire mondiale. Pendant la guerre froide,
l'accès à l'uranium et au cobalt a été un enjeu du conflit entre les Russes et
les Américains. Le Congo, entouré d'Etats à tendance communiste, était devenu
un pays pro-américain. Le Congo possède toujours ce dont le capitalisme mondial
a besoin. Après l'uranium, il y a eu le coltan pour les téléphones portables et
l'informatique. A l'avenir, l'enjeu sera certainement l'énergie
hydroélectrique. Imaginez si le barrage du Grand Inga est mis en fonction : le
Congo pourrait alors alimenter toute l'Afrique. Sans compter ses réserves en
eau potable. Ce pays est une éponge trempée au sein d'un continent en train de s'assécher.
Il a l'immense atout de disposer d'un fleuve gigantesque qui se trouve tout
entier sur le territoire national.
L'intérêt
récent de la Chine, qui s'implante en Afrique et notamment au Congo,
dessine-t-il une nouvelle forme d'exploitation, voire de colonisation ?
Ce n'est pas de la
colonisation, c'est trop facile d'expliquer la présence chinoise en se référant
uniquement à ce qui s'est passé dans la première moitié du XXe siècle. C'est
une nouvelle étape de l'histoire, encore difficile à qualifier. Plus proche
finalement de l'exploitation européenne de l'Afrique avant la colonisation,
avec l'idée de faire du commerce sans vouloir administrer ces territoires. Dans
les commentaires sur les Chinois en Afrique, il y a aussi beaucoup de jalousie
de la part des Occidentaux, une lecture très européocentriste des évolutions en
cours. L'Europe a perdu de son influence dès 1945, quand elle a accepté le
leadership américain.
La Chine, c'est un
nouveau leadership qui s'installe, notamment en Afrique. Mais la différence,
c'est que ce pays millénaire a une conscience différente du temps. La Chine a
le temps devant elle ! Et, au sein de leur Etat, ses dirigeants gèrent, en
jouant toujours le long terme, un quart de la population mondiale. Ils feront
attention à ne pas susciter trop de contestations sur leur présence. Dans
certaines entreprises chinoises, les conditions de travail sont dures. Mais
quand un manager chinois a été tué en Zambie début août, le message a été
compris à Pékin. On a par ailleurs tendance à oublier que la Chine n'est pas
seule en Afrique. La Corée du Sud, la Turquie, l'Afrique du Sud, le Brésil,
tous les pays émergents sont également présents. Le capitalisme mondial
continue à se mondialiser et l'Occident ne va pas cesser de se marginaliser. On
le verra au Congo comme ailleurs.
La
vision de l'Afrique est-elle en train de changer ?
J'ai récemment
rencontré l'écrivain [du Congo-Brazzaville] Alain Mabanckou. Nés tous les deux
après l'indépendance, nous sommes d'une autre génération, un peu plus décomplexée.
A nous d'aller au-delà de la pensée binaire : noir et blanc.
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