samedi 26 janvier 2013
Libération : le 6 octobre 2012, par Maria Malagardis
Ce n'est pas une thèse géopolitique,
sociologique ou historique sur l'état du plus grand pays d'Afrique
subsaharienne, le Congo-Kinshasa, ancien Congo belge, aujourd'hui république
démocratique du Congo (RDC). Le livre de David Van Reybrouck est cependant un
peu tout cela, la magie en plus. Congo. Une histoire est un roman épique
racontant le destin inouï d'un pays qui a été exposé à la mondialisation dès le
XIXe siècle. Pays phare, pays miroir de la société mondiale au fil des siècles,
mieux, des millénaires. Et si la plume de David Van Reybrouck est bien celle
d'un romancier, ses héros sont de «vrais gens» que l'on suit au gré des
événements depuis… 90 000 ans ! On dévore cette œuvre littéraire, que l'on soit
ou non féru de cette partie du monde. Une lecture indispensable pour comprendre
ce qui se joue aujourd'hui au cœur de ce continent agité depuis le commencement
de l'humanité.
Pourquoi
vous êtes-vous intéressé au Congo ?
J'ai souvent pensé
qu'au Congo, on voit les deux extrêmes de l'humanité. Des gens très émouvants,
très courageux, qui font face à une cruauté, voire à des atrocités incroyables.
La forme que cette cruauté prend à l'est du pays est excessive, la violence
extrême. Mais l'idée de ce livre m'est venue parce que je souhaitais le lire et
qu'il n'existait pas. En 2003, avant mon premier voyage au Congo, j'avais
cherché en vain un ouvrage de ce genre dans les librairies de Bruxelles. Un
livre qui raconterait l'histoire du pays, de façon à la fois historique et
littéraire. En tant qu'archéologue et préhistorien, j'ai toujours été passionné
par l'Afrique. J'ai aussi subi l'influence de mon père qui a vécu au Congo
avant ma naissance, même s'il me parlait peu de cette période de sa vie. J'ai
finalement écrit ce livre en m'inspirant du style d'un ouvrage paru dans les
années 80 sur l'Australie : The Fatal Shore, de Robert Hughes.
Une publication a
priori inclassable, comme l'avait d'ailleurs déjà écrit mon éditeur sur la
manchette de mon premier livre, le Fléau. En fait, le terme qu'on utilise en
anglais est «non-fiction littéraire». C'est une tendance très populaire dans le
monde anglo-saxon. Le seul exemple que je connaisse en France est le livre de
Jean-Paul Kauffmann, la Chambre noire de Longwood, sur la maison de Napoléon à
Sainte-Hélène. Ce sont des ouvrages qui se situent toujours entre
l'historiographie académique, la littérature et le journalisme. C'est entre ces
trois pôles-là que je me place dans Congo. Mon idée était aussi de rendre
compte de l'histoire du pays bien avant la colonisation. J'ai voulu remonter
jusqu'à la préhistoire, au premier homme. Il était important de faire un grand
saut en arrière pour montrer que l'histoire ne commence pas avec l'arrivée de
Stanley [en 1874, ndlr] ou avec les explorateurs européens.
Vous
avez choisi de suivre des personnages, africains ou non, des grands témoins et
acteurs, à charge pour eux de narrer leur histoire et donc l'Histoire.
Oui, je raconte
l'Histoire à travers des histoires. Au début, je voulais rattacher chaque
chapitre à un témoignage particulier. Mais je me suis aperçu que les
personnages qui avaient vécu dans les années 50 se retrouvaient aussi dans les
années 60. Les existences épousent le fil de l'Histoire. J'ai travaillé six ans
sur le Congo pour ce livre, en faisant des allers-retours plutôt que de m'y
installer afin de garder un œil neuf. A chaque voyage, j'avais de nouvelles
questions en tête. Au total, j'ai fait une douzaine de séjours. A deux
reprises, je me suis retrouvé embarqué dans un voyage officiel, ce qui m'a
permis de constater l'isolement des diplomates et des politiques qui
appréhendent la réalité depuis leur bulle, entre la voiture climatisée,
l'hôtel, la salle de réunion…
Selon
vous, c'est la mondialisation qui crée les tensions ethniques, lesquelles sont
avant tout urbaines.
En effet, le Congo
n'est pas le théâtre d'une sorte de sauvagerie surgie de la nuit des temps, et
qui nous conduirait Au cœur des ténèbres. J'ai d'ailleurs horreur de cette
image qui colle au Congo depuis ce livre de Conrad. Même si les formes que
prennent ces conflits peuvent parfois sembler archaïques, la résurgence de
références ethniques, et donc identitaires, est liée à des enjeux très modernes
: surpopulation, ressources rares, multiplication des armes et des groupes
armés dans un Etat en faillite, corruption endémique, capitalisme le plus
sauvage qu'on puisse imaginer, et qui déshumanise. Sous la pression des réseaux
économiques, démographiques, militaires, on assiste ainsi à une accélération de
la prise de conscience tribale. A l'est, il y a eu aussi les conséquences du
génocide au Rwanda qui s'est répercuté dans le Congo voisin. J'évoque dans mon
livre un témoignage : «Moi, enfant, je ne savais pas que dans ma classe il y
avait des Tutsis. J'avais une amie tutsie, on voulait se marier mais, tout d'un
coup, ce n'était plus possible.» En Belgique aussi, l'ethnicité prend de
l'importance. Ce sont des questions qui ne sont pas figées depuis la nuit des temps,
au contraire. Rien n'est aussi liquide que l'identité.
Quel est
le moteur le plus important de ce retour à l'ethnicité ?
La surpopulation
est un facteur très sous-estimé. Pourtant, quand on regarde la carte
démographique de l'Afrique, on distingue quatre gros cercles et un nuage. Les
quatre cercles signalent les immenses métropoles africaines du XXIe siècle : Le
Caire [Egypte], Lagos [Nigeria], Kinshasa-Brazzaville [de part et d'autre du
fleuve Congo], puis Johannesburg et Pretoria [Afrique du Sud]. Sur cette même
carte, il y a une sorte de nuage : la région des Grands Lacs. Je crois que
l'homme est capable de survivre dans des contextes extrêmement peuplés comme
Lagos, Tokyo ou Mexico tant qu'il y a un lien avec un arrière-pays qui parvient
à nourrir ceux qui vivent dans les capitales. En Afrique centrale, surtout dans
la région des Grands Lacs, avec cette très forte progression démographique, ce
n'est pas le cas, et c'est nouveau pour la planète : pour la première fois, des
zones rurales sont touchées par la surpopulation.
Il y a
au Congo un nombre incalculable de langues et de dialectes. Or la langue est un
moyen de se distinguer…
Oui, mais la
conscience identitaire ne lui est pas forcément liée. Encore une fois, c'est
plutôt le contexte qui joue. Je pense que les groupes sociaux émergent ou se
renforcent quand ils se sentent menacés. La langue peut alors devenir le moteur
d'un discours identitaire.
Même si
la résurgence du phénomène est récente, la colonisation n'a-t-elle pas joué un
rôle dans cette prise de conscience ethnique ?
Oui, certainement.
On envisage souvent la pensée ethnique comme quelque chose d'archaïque, de
rural et de précolonial, alors que je constate que c'est un phénomène colonial,
récent et très urbain. Mes recherches m'ont conduit à repérer comment cette
pensée s'est enracinée pendant les années 20 et 30. Des bureaux ethnographiques
ont été créés entre les deux guerres. A cette époque, l'ethnographie se
référait à l'anthropologue américain Franz Boas : il a été le premier à faire
du terrain et à vivre avec des sociétés non occidentales, alors que, jusqu'à la
fin du XIXe, un anthropologue restait avant tout un intellectuel de salon qui
lisait dans son bureau le rapport des missionnaires ou des explorateurs.
Après les études de
Boas, on a commencé à classifier les tribus et à bétonner des différences selon
des catégories parfois superficielles, ignorantes des réalités plus subtiles de
la vie des communautés locales, qui d'ailleurs ne se reconnaissaient pas
exclusivement dans ce découpage. Les missionnaires ont été les premiers à
appliquer cette façon de considérer les autochtones. Ils ont appris aux ethnies
à se distinguer les unes des autres. Les écoliers devaient chanter : «Nous
sommes de telle tribu et nous en sommes fiers.»
Une pensée éthique
s'est installée d'autant plus facilement que ces missionnaires, souvent de
souche flamande, ont évangélisé dans les langues locales pour mieux
s'implanter. Cette conscience ethnique a donc été transmise par les
missionnaires. Quelqu'un né en 1890 au Katanga ne connaissait même pas
l'existence de l'océan. Vingt ans plus tard, ses enfants allaient à l'école
chanter des chansons sur les Pygmées, les Bangala, les Bakongo ou les Bashi.
Des chansons qui véhiculent des stéréotypes et creusent un fossé entre les
différentes communautés.
Mais ce
territoire n'avait pas forcement vocation à être une nation…
Le Congo, tel que
l'a conçu le roi Léopold II [de Belgique], était un découpage artificiel. Et
par la suite, il y a très souvent eu des tentations sécessionnistes, du
régionalisme. Il ne faut pas forcément habiter un vaste territoire pour être
régionaliste : regardez la Belgique ! S'il y avait un référendum aujourd'hui
pour savoir si les Congolais veulent découper leur pays par régions, le résultat
serait largement favorable au maintien de l'intégrité nationale. En fait, la
conception ethnique de la société s'est forgée durant la période de la
colonisation, puis a connu une première accélération, après l'indépendance,
avec l'émergence des séparatismes. C'est finalement Mobutu qui a créé un
sentiment de fierté à l'échelle nationale, la fierté d'être congolais, ou
plutôt zaïrois à l'époque, puisque le pays a été rebaptisé Zaïre avant de
redevenir le Congo après la chute de Mobutu. Reste que, sur cet immense
territoire (de la même taille que l'Europe de l'Ouest), Mobutu a réalisé en dix
ans ce que l'Union européenne n'a pas pu faire en soixante ans : créer un
sentiment national, un sens d'appartenance.
Mais à
quel prix ?
Je ne défends pas
Mobutu bien sûr ! Dans les années 80-90, il s'est laissé entraîner dans une
dérive dictatoriale meurtrière. Mais, durant les dix premières années de son
règne, entre 1965 et 1975, ce despote, qui avait fait pendre trois ministres et
un sénateur, a aussi forgé une identité nationale. C'était un militaire, il
avait également été journaliste. Après son coup d'Etat, il s'est appuyé sur
l'armée et les médias. Il a créé une pensée ethnique et tribale, mais qui
englobait cette fois tout le Congo. Comme si c'était un village dont il était
le grand chef. C'est peut-être l'héritage le plus important de Mobutu et de
cette époque. Car, pour le reste, l'Etat a fait faillite sous sa férule. Sa
politique économique et monétaire a été catastrophique. Son œuvre agricole, de
même. Mais son bilan sur l'imaginaire, sur le sentiment d'appartenance à une
communauté nationale a encore un impact aujourd'hui. C'était un grand
communicant, il s'est notamment servi de la musique de façon exceptionnelle
pour promouvoir sa politique et sa vision du pays. Il l'a utilisée comme
vecteur d'une conscience nationale.
Vous
êtes assez sévère avec Patrice Lumumba, que Mobutu a fait assassiner pour
s'installer au pouvoir.
Je ne suis pas
sévère, mais j'essaie de dresser un bilan de l'action de Lumumba, comme de
celle de Mobutu, Kabila ou Léopold II, et de comprendre ce que font les gens
dans le contexte de leur temps, sans donner des jugements de valeur a
posteriori, selon les critères de nos jours. Lumumba a été un penseur hors du
commun, un orateur extraordinaire, qui a eu une vision nationale alors que ceux
de sa génération avaient une vision tribale. Il avait aussi une vision sociale,
quand les autres avaient une vision élitiste.
Mais il a été très
impatient de revendiquer une indépendance immédiate, intégrale et
inconditionnelle, avec très peu d'expérience et très peu de personnel capable
de gérer les instances militaires, économiques, politiques : il y avait seize
diplômés universitaires à l'indépendance ! Sa vision était correcte, son
impatience l'a fait basculer.
Cela dit, il a dû
fonctionner dans un contexte très difficile, tout le monde était contre lui. Il
avait raison de vouloir africaniser l'armée, constituée d'officiers blancs et
de soldats congolais, mais il n'aurait pas dû le faire du jour au lendemain,
dès l'indépendance.
Depuis, le Congo
n'a jamais eu d'armée régulière qui puisse incarner l'Etat. Il a aussi eu tort
d'envoyer cette armée peu structurée combattre la sécession kasaïenne : le prix
humain fut très lourd, on parla même d'un génocide. Cependant, la plus grande
erreur a été commise par les Belges quand, onze jours après l'indépendance, ils
ont expédié leurs militaires pour restaurer l'ordre. Dans un pays indépendant !
La Belgique aurait dû faire appel à l'ONU. Lumumba a, lui, d'abord demandé le
soutien des Nations unies, puis des Américains, sans succès. Il s'est alors
tourné vers les Soviétiques et la guerre froide s'est étendue à l'Afrique pour
la première fois. Aujourd'hui, il faut distinguer le martyr de l'homme Lumumba.
Son mythe reste intact. C'est un symbole incroyable, une figure clé de
l'indépendance. Il continue d'incarner l'autonomie, une Afrique audacieuse,
aspirant à la modernité et à la liberté.
Le Congo
n'a pas connu la démocratie…
En 2006 pourtant,
lors de la première élection de Joseph Kabila, le peuple congolais a montré une
maturité impressionnante. Mais il aurait fallu tenir des scrutins locaux,
provinciaux, parlementaires et la présidentielle, dans cet ordre-là. Or, on a
commencé par les législatives, la présidentielle, puis les provinciales, les
locales n'ont jamais eu lieu. C'était une grave erreur. Les élections locales
devaient être le premier pas et la présidentielle venir plus tard. Aujourd'hui
encore, les élections ne servent pas à connaître la volonté du peuple, mais à
donner des gages à la communauté internationale. Celle-ci n'est pas dupe, mais
a, jusqu'ici, plus ou moins accepté cette illusion hypocrite. Les élections
sont désormais la référence absolue de la démocratie : si on vote, c'est que ça
va mieux. Dans les années 90, démocratie et droits de l'homme sont devenus les
critères et les cris de guerre de toute interférence internationale. Avec cette
pseudo-solution : il faut organiser des élections le plus vite possible. Est-ce
la chose la plus importante à faire, quelques années après une guerre, dans des
Etats qui n'existent pas ?
L'Occident souffre
de son fondamentalisme électoral. C'est une nouvelle évangélisation où les
tours de scrutin font office de sacrements : la forme l'emporte souvent sur le
contenu. Or, outre le fait que les cafouillages et les fraudes contredisent
cette logique, on ferait peut-être mieux de préférer la démocratisation de la
société et de la vie politique à la démocratie : favoriser l'émergence d'une
presse libre, d'une conscience critique et citoyenne, du débat politique, de
l'éducation. Car les élections, hélas, ne prouvent rien, ne résolvent pas les
problèmes. On le voit bien au Congo où Joseph Kabila s'est déclaré réélu en
2011, alors que l'opposition dénonçait un scrutin irrégulier.
Dans ce
contexte, François Hollande a-t-il bien fait d'accepter de se rendre,le
week-end prochain, à Kinshasa pour le sommet de la Francophonie ?
Mes sentiments sont
doubles. Le Congo est un des plus grands Etats francophones au monde. Je trouve
honorable que ce pays qui a beaucoup souffert accueille le sommet de la
Francophonie. Il ne faut pas l'isoler de la scène internationale. En même
temps, j'ai du mal à accepter que tous ces leaders occidentaux qui n'ont pas
protesté quand le régime actuel a changé la Constitution [le scrutin
présidentiel a été réduit à un tour, au lieu de deux précédemment, ce qui a
énormément favorisé la réélection de Kabila], que tous ceux qui n'ont pas
dénoncé les irrégularités des élections, se dirigent maintenant vers Kinshasa.
Qu'ils le veuillent ou non, ils avalisent un régime dont on ne reconnaît pas la
légitimité.
Est-ce que ce ne sont pas ses richesses qui
ont perdu le Congo ?
C'est vrai, ce pays
regorge de ressources dont les populations n'ont jamais profité, mais dont
l'exploitation et le pillage reflètent les grandes étapes de
l'industrialisation occidentale. A chaque fois que le capitalisme mondial a eu
besoin d'une matière première stratégique, il l'a trouvée au Congo. D'abord les
esclaves entre les XVe et XIXe siècles, l'ivoire au XIXe, qui a servi à faire
les notes des pianos, les boules de billard, etc. Puis vint l'ère du caoutchouc
: les besoins en Europe étaient immenses et Léopold II a exploité au prix
d'innombrables atrocités cette ressource disponible dans les grandes forêts du
pays. Durant la première moitié du XXe siècle, ce fut le temps du cuivre.
Pendant les deux Guerres mondiales, comme pendant celles de Corée et du
Vietnam, les Américains ont puisé dans les ressources congolaises. La bombe de
Hiroshima a été conçue avec de l'uranium provenant du Congo ! En clair, ce pays
a joué un rôle militaire dans l'histoire mondiale. Pendant la guerre froide,
l'accès à l'uranium et au cobalt a été un enjeu du conflit entre les Russes et
les Américains. Le Congo, entouré d'Etats à tendance communiste, était devenu
un pays pro-américain. Le Congo possède toujours ce dont le capitalisme mondial
a besoin. Après l'uranium, il y a eu le coltan pour les téléphones portables et
l'informatique. A l'avenir, l'enjeu sera certainement l'énergie
hydroélectrique. Imaginez si le barrage du Grand Inga est mis en fonction : le
Congo pourrait alors alimenter toute l'Afrique. Sans compter ses réserves en
eau potable. Ce pays est une éponge trempée au sein d'un continent en train de s'assécher.
Il a l'immense atout de disposer d'un fleuve gigantesque qui se trouve tout
entier sur le territoire national.
L'intérêt
récent de la Chine, qui s'implante en Afrique et notamment au Congo,
dessine-t-il une nouvelle forme d'exploitation, voire de colonisation ?
Ce n'est pas de la
colonisation, c'est trop facile d'expliquer la présence chinoise en se référant
uniquement à ce qui s'est passé dans la première moitié du XXe siècle. C'est
une nouvelle étape de l'histoire, encore difficile à qualifier. Plus proche
finalement de l'exploitation européenne de l'Afrique avant la colonisation,
avec l'idée de faire du commerce sans vouloir administrer ces territoires. Dans
les commentaires sur les Chinois en Afrique, il y a aussi beaucoup de jalousie
de la part des Occidentaux, une lecture très européocentriste des évolutions en
cours. L'Europe a perdu de son influence dès 1945, quand elle a accepté le
leadership américain.
La Chine, c'est un
nouveau leadership qui s'installe, notamment en Afrique. Mais la différence,
c'est que ce pays millénaire a une conscience différente du temps. La Chine a
le temps devant elle ! Et, au sein de leur Etat, ses dirigeants gèrent, en
jouant toujours le long terme, un quart de la population mondiale. Ils feront
attention à ne pas susciter trop de contestations sur leur présence. Dans
certaines entreprises chinoises, les conditions de travail sont dures. Mais
quand un manager chinois a été tué en Zambie début août, le message a été
compris à Pékin. On a par ailleurs tendance à oublier que la Chine n'est pas
seule en Afrique. La Corée du Sud, la Turquie, l'Afrique du Sud, le Brésil,
tous les pays émergents sont également présents. Le capitalisme mondial
continue à se mondialiser et l'Occident ne va pas cesser de se marginaliser. On
le verra au Congo comme ailleurs.
La
vision de l'Afrique est-elle en train de changer ?
J'ai récemment
rencontré l'écrivain [du Congo-Brazzaville] Alain Mabanckou. Nés tous les deux
après l'indépendance, nous sommes d'une autre génération, un peu plus décomplexée.
A nous d'aller au-delà de la pensée binaire : noir et blanc.
jeudi 17 janvier 2013
La dernière lettre de Patrice Lumumba à sa femme
Essayant
de gagner la province du Kasaï contrôlée par ses partisans fin novembre
1960, Lumumba est capturé. De sa prison, il écrit à sa femme Pauline.
__
Ma compagne chérie,
Je t’écris ces mots sans savoir s’ils te parviendront, quand ils te parviendront et si je serai en vie lorsque tu les liras. Tout au long de ma lutte pour l’indépendance de mon pays, je n’ai jamais douté un seul instant du triomphe final de la cause sacrée à laquelle mes compagnons et moi avons consacré toute notre vie. Mais ce que nous voulions pour notre pays, son droit à une vie honorable, à une dignité sans tache, à une indépendance sans restrictions, le colonialisme belge et ses alliés occidentaux – qui ont trouvé des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés, parmi certains hauts fonctionnaires des Nations-Unies, cet organisme en qui nous avons placé toute notre confiance lorsque nous avons fait appel à son assistance – ne l’ont jamais voulu.
Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la vérité et à souiller notre indépendance. Que pourrai je dire d’autre ? Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes, ce n’est pas ma personne qui compte. C’est le Congo, c’est notre pauvre peuple dont on a transformé l’indépendance en une cage d’où l’on nous regarde du dehors, tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir. Mais ma foi restera inébranlable. Je sais et je sens au fond de moi même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur.
Nous ne sommes pas seuls. L’Afrique, l’Asie et les peuples libres et libérés de tous les coins du monde se trouveront toujours aux côtés de millions de congolais qui n’abandonneront la lutte que le jour où il n’y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires dans notre pays. A mes enfants que je laisse, et que peut-être je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau et qu’il attend d’eux, comme il attend de chaque Congolais, d’accomplir la tâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance et de notre souveraineté, car sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres.
Ma compagne chérie,
Je t’écris ces mots sans savoir s’ils te parviendront, quand ils te parviendront et si je serai en vie lorsque tu les liras. Tout au long de ma lutte pour l’indépendance de mon pays, je n’ai jamais douté un seul instant du triomphe final de la cause sacrée à laquelle mes compagnons et moi avons consacré toute notre vie. Mais ce que nous voulions pour notre pays, son droit à une vie honorable, à une dignité sans tache, à une indépendance sans restrictions, le colonialisme belge et ses alliés occidentaux – qui ont trouvé des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés, parmi certains hauts fonctionnaires des Nations-Unies, cet organisme en qui nous avons placé toute notre confiance lorsque nous avons fait appel à son assistance – ne l’ont jamais voulu.
Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la vérité et à souiller notre indépendance. Que pourrai je dire d’autre ? Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes, ce n’est pas ma personne qui compte. C’est le Congo, c’est notre pauvre peuple dont on a transformé l’indépendance en une cage d’où l’on nous regarde du dehors, tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir. Mais ma foi restera inébranlable. Je sais et je sens au fond de moi même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur.
Nous ne sommes pas seuls. L’Afrique, l’Asie et les peuples libres et libérés de tous les coins du monde se trouveront toujours aux côtés de millions de congolais qui n’abandonneront la lutte que le jour où il n’y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires dans notre pays. A mes enfants que je laisse, et que peut-être je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau et qu’il attend d’eux, comme il attend de chaque Congolais, d’accomplir la tâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance et de notre souveraineté, car sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres.
Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m’ont jamais amené à demander la grâce, car je préfère mourir la tête haute, la foi inébranlable et la confiance profonde dans la destinée de mon pays, plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes sacrés. L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité. Ne me pleure pas, ma compagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre son indépendance et sa liberté.
Vive le Congo ! Vive l’Afrique !
Patrice Lumumba
vendredi 4 janvier 2013
2013 : RAPPEL DU DANGER, VIEUX MAIS TOUJOURS PRÉSENT, QUI GUETTE NOTRE PAYS, LA RDC.
Le peuple congolais sait aujourd’hui qu’il a été et est trahi : trahi par ses élites politiques, trahi par les Tutsis ougandais que le Président Mobutu avait aidés dans la prise du pouvoir à Kampala, trahi par les Tutsis rwandais dont la majorité a bénéficié de son hospitalité légendaire, trahi par les multinationales qui, depuis la honteuse traite négrière et l’époque coloniale, ont bâti leurs grosses fortunes sur son sang et, enfin, trahi par le concert des nations réunies au sein de la non moins célèbre ONU dont pourtant son pays est membre à part entière. Aujourd’hui, nous pouvons donc affirmer, comme A. Kefler (Sept. 2012), sans crainte d’être contredit, que ‘’le peuple congolais est un peuple sans alliés’’.
Partant de ce malheureux constat, les stratégies de 2012 doivent laisser la place aux nouvelles stratégies pour 2013. En effet, nous avons organisé des marches, nous avons fait des sit-in, nous avons bloqué l’accès aux bureaux et aux axes routiers importants afin d’attirer l’attention sur le génocide congolais, nous avons organisé des conférences et envoyé de nombreux mémos aux hauts responsables des pays et des institutions qui dirigent ce monde.
Nous avons assuré une large diffusion des horribles images de nos mamans, nos sœurs, nos filles et petites-filles violentées, des enfants et adultes tués à l’arme blanche ou à l’arme de guerre, brulés, abandonnés le long des rues, dans les champs ou enfouis dans des fosses communes. Nous avons également assuré une très large diffusion de nombreux rapports des Experts de Nations Unies, des ONG, des MSF, tous œuvrant sur le terrain des hostilités.
Nos cris, nos larmes, le sifflement du sang encore chaud des nôtres aspiré par le sol n’ont reçu qu’un silence assourdissant de la part de la communauté internationale, de la part des multinationales qui exploitent les ressources minières dans les zones de guerre, de la part des grosses compagnies destinataires des produits finis du coltan, du diamant, de l’étain, de l’or, etc.
Face à cette situation, nous avons pris l’initiative de rappeler à nos compatriotes les raisons pour lesquelles notre peuple est soumis à une souffrance indescriptible, unique dans l’histoire de l’humanité et qui en sont les responsables.
1. Quelles sont les conséquences de la guerre injuste imposées au peuple congolais?
Les conséquences sont énormes :
a)- Sept millions de morts directs et indirects. C’est plus que le fameux génocide rwandais qui a servi et sert encore de prétexte à l’armée rwandaise et son chef pour continuer à occuper une partie de notre territoire; c’est plus que le génocide juif, c’est plus que le génocide arménien, c’est plus que le génocide kurde,… C’est, finalement, plus que tous ces génocides réunis!
b)- C’est autant des déplacés, vivant dans des camps de fortune montés par les humanitaires sur la terre de leurs ancêtres;
d)- C’est autant d’enfants dont l’avenir est à jamais compromis;
e)- C’est autant des maisons, industries, biens de toutes sortes détruits ou volés par les occupants;
f)- C’est autant d’espèces animales et végétales uniques au monde tuées ou emportées pour la vente ou pour remplir les parcs des pays occupants;
g)- C’est l’écologie générale de la région qui a été transformée;
h)- C’est l’occupation des terres de nos ancêtres par les membres de l’ethnie Tutsi;
i)- C’est l’exploitation, sans compensation aucune, de nos richesses du sol et du sous-sol, etc.
j)- Enfin, ce sont des centaines de milliards de dollars US privés à l’État congolais, volés à chaque invasion dans les banques, les sièges des compagnies, les commerces et ceux issus de la vente frauduleuse des minerais, du bois et des produits agricoles, etc. (C’est avec cet argent que Paul Kagamé construit le Rwanda).
2. QUI SONT LES RESPONSABLES DE LA GUERRE QUI SÉVIT À L’EST DU CONGO DEPUIS PLUS DE 10 ANS ET DE LA SITUATION CHAOTIQUE DU PAYS EN GÉNÉRAL?
a)- L’Armée Patriotique rwandaise et les Tutsis sous la direction du Président rwandais Paul Kagamé;
b)- L’armée ougandaise et les Tutsis sous la direction du Président ougandais Yoweri Museveni;
c)- Les compagnies et groupes financiers qui exploitent les richesses minières de la R.D. Congo;
d)- Certaines élites politiques congolaises et certains hommes et femmes d’affaires congolais, tous complices et collaborant avec les occupants.
3. Quelle est la stratégie utilisée par Paul Kagamé et son armée pour infiltrer les institutions congolaises par des sujets tutsis rwandais?
a)- Au cours de la deuxième République (Zaïre) avec le Président Joseph-Désiré Mobutu
L’infiltration a été facilitée par M. Bisengimana Rwema, un Tutsi, ancien directeur du bureau du Président Mobutu. Pendant cette période, de nombreux Tutsis furent nommés à la tête des entreprises de l’État et dans leurs conseils d’administration, dans l’administration territoriale, dans la fonction publique, etc.
b)- À la naissance de la troisième République avec le Président Laurent-Désiré Kabila
Après avoir fait tomber le pouvoir de M. Mobutu, les Tutsis rwandais sous la direction du Président Paul Kagamé, avec un groupuscule des Tutsis réfugiés au Congo se faisant appeler Banyamulenge depuis 1977, dévoilèrent leur agenda caché; ils firent main basse sur l’appareil étatique : la police, l’armée, les services de renseignement, les entreprises étatiques, etc. Le gouvernement rwandais déversa une partie du trop plein de sa population dans le Sud et le Nord Kivu afin d’occuper le terrain laissé libre par les populations soit assassinées soit ayant fui la guerre. Mais plus grave, le Général James Kabarebe, actuel Chef d’État-Major de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) est nommé Chef d’État-Major de l’Armée Nationale Congolaise, achevant ainsi le travail d’infiltration des officiers et soldats rwandais dans l’appareil de sécurité du pays. Lorsque le Président Laurent-Désiré Kabila s’en rendit compte, il mit fin à leur deal. Il paya le prix fort pour cela : il fut assassiné!
c)- À l’avènement du Président Joseph Kabila Kanambe
On ne sait toujours pas par quelle magie Joseph Kabila arriva au pouvoir après l’assassinat de son père, L.D. Kabila. On assista à de nombreux pourparlers entre de nombreuses milices armées qui s’étaient engagées dans la guerre : AFDL (1996), RCD, CNDP, MLC, MAI-MAI, etc. Les accords de Pretoria aboutirent à une autre période d’infiltration dans l’armée. À titre d’exemple, on peut citer (les personnes nommées ci-dessus sont encore en service ou ont été remplacées par d’autres Tutsis):
- le Général Obed Rwabasira : Commandant de la région militaire de Goma;
- Colonel Mutebusi, Commandant des bataillons Banyamulenge dans la plaine de la Ruzizi, il est cousin de l’ancien vice-président Azarias Ruberwa, Tutsi, dans l’odieuse formule1 + 4;
- Général Laurent Kundabatware, officier de renseignement de l’APR, est nommé Commandant du RCD-Goma, puis Commandant de la région militaire du Nord-Kivu; puis remplacé par le Général Bosco Ntaganda;
- Général Buki, Tutsi par sa mère, est nommé Commandant des Forces Terrestres de l’armée congolaise, il est le protégé de James Kabarebe;
- Général Malick, Commandant d’État-Major chargé de la logistique;
- Général Amisi, alias Tango-Tango, ancien milicien de RCD de Ruberwa, jusqu’il n’y a pas longtemps Chef d’État-Major de la Force Terrestre des FARDC;
- Colonel Mustapha, Commandant de la région militaire de Bandundu, avec comme adjoint, son propre cousin! Etc.
En examinant les différentes guerres injustes imposées à nos populations dans la province Orientale, dans les provinces du Nord et Sud-Kivu ainsi que dans le Nord du Katanga, on peut relever la stratégie de l’APR: créer un mouvement politico-militaire, envahir une partie de l’Est du Congo, implanter ses ressortissants civiles dans les zones enviées (particulièrement Minembwe, territoire créé de toute pièce pour accueillir les Tutsis, assouvir la soif d’annexion de M. Kagamé), négocier avec le gouvernement congolais affaibli (ou complice?), puis infiltrer ses officiers supérieurs et soldats dans les structures de l’armée et de l’administration congolaises. Ce mécanisme semble bien rodé maintenant et le seigneur de Kigali ne s’en prive pas!
d)- Depuis avril 2012, l’hydre de Kigali a engendré une nouvelle tête dénommée M23. Ce mouvement d’émanation du pouvoir rwandais, applique la même stratégie décrite ci-dessus. Les responsables du M23 sont à l’étape des négociations avec le gouvernement de Kinshasa à…Kampala! Mais qui sont ces M23? Ce sont des jeunes tutsis ‘’banyamulenge’’ formés à Kigali et armés par l’APR de Paul Kagamé. Leurs officiers sont d’origine tutsie, tous membres des milices du Congres National pour la Défense du Peuple (CNDP) et du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD). L’un de leurs leaders, le Général Sultani Makenga, est l’ancien aide-de-camp du Général Tutsi rwandais Laurent Kundabatware. Ils ont été mixés puis révoqués des Forces armés de la RDC (FARDC) pour refus de rejoindre leurs lieux d’affectation
4. Quels sont les objectifs poursuivis par Paul Kagamé, Yoweri Museveni et leurs armées?
a) – Épuiser le peuple congolais afin de s’assurer le contrôle de tout le pays;
b)- Créer, avec le concours de tous les Tutsis et sous le regard complaisant de la communauté internationale et de l’ONU, une colonie de peuplement (Tutsiland) dans les provinces du Nord et Sud Kivu et s’assurer l’exploitation des richesses du sol et sous-sol de ces deux provinces;
c)- Atteindre l’étape ultime de ces opérations : la mort (=balkanisation) du Congo en tant qu’État souverain, unitaire et ouvrir la voie à l’exploitation sauvage des immenses richesses de chaque nouveau territoire ;
c)- Protéger, par leurs armées et polices, les intérêts des Multinationales et groupes mafieux qui exploitent frauduleusement les richesses minières dans l’Est du Congo et dans le reste du pays.
Tout observateur attentif a déjà remarqué que certains de ces objectifs ont été déjà soit à moitié ou entièrement atteints. C’est là le danger qui nous guette! Nous avons affaire à des ennemis mortels.
5. Quelles sont, en 2013, les nouvelles stratégies pour libérer le Congo?
Il est impérieux de nous réveiller, d’unir nos forces en 2013, d’enterrer nos petits problèmes internes, d’essuyer nos larmes, d’éviter nos réactions épidermiques mais d’analyser froidement la situation afin de faire ressortir d’abord les causes imputables à nous-mêmes et les moyens pour les corriger, puis les causes imputables aux ennemis de notre peuple et leurs complices et les moyens ainsi que les ressources pour les éradiquer. Les femmes et les hommes d’action, les jeunes et les moins jeunes devront se mettre à table pour discuter de ces nouvelles stratégies. Ces dernières ne seront pas mises sur Internet comme en 2012 car vous ne connaissez pas tous ceux qui partagent vos listes.
‘’Nos adversaires ne sont pas plus forts que nous, mais simplement plus déterminés’’.
Et, ne l’oublions pas, le Rwanda, aujourd’hui surarmé et soutenu par certains pays occidentaux et leurs hommes d’affaires, est plus petit que la ville de Likasi!
Bonne et heureuse année à tous.
Réflexions de Mulongeshi S. Kamatanda TSHIBWABWA
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