A quelques mois des élections générales, les malheureux événements qui se succèdent à l’Est de la RDC ont certainement une raison – cachée jusqu’alors. Tout semble être mis en place pour entretenir le vide, émietter l’influence de l’Etat et fragiliser le pouvoir en place. Mais, pour quel but ? C’est toute l’énigme.
Depuis le lancement en fanfare des opérations de neutralisation des FDLR, avec le concours - tant décrié - des troupes de l’armée rwandaise, l’on pensait que les FDLR n’étaient plus une menace pour la région. Bien au contraire. Les FDLR ont réussi à accroître leur capacité de nuisance. Dans tous les cas, plus fortes qu’elles ne l’étaient avant.
Tout se passe comme si les opérations aux dénominations aussi diversifiées que prémonitoires (Kimia, Umoja, Amani) n’ont eu pour seul avantage que d’aider les FDLR à se replier aux fins de se reconstituer.
LE MEA CULPA
A n’en point douter, jusqu’à une date récente, le gouvernement minimisait l’effet nuisible des FDLR sur le terrain, convaincu que la question n’était plus d’actualité. Mais, la réalité a révélé que l’Exécutif national s’était trompé sur toute la ligne.
« Chassez le naturel, il revient au galop », dit un vieil adage. Concernant donc les FDLR, le gouvernement vient d’en faire les frais ; lui, qui, depuis un temps, relativisait le problème.
Victime d’une attaque des FDLR la semaine dernière sur la route de Rutshuru dans le Nord-Kivu, le ministre national de l’Enseignement supérieur et universitaire, Mashako Mamba, a plaidé pour le renforcement de la sécurité en RDC. Alors qu’il n’y a pas longtemps, il clamait à qui voulait l’entendre que la menace FDLR à l’Est n’appartenait plus qu’à un passé à jamais révolu.
« Le problème de la sécurité doit interpeller tout le monde, les autorités doivent se mobiliser et renforcer les efforts déjà consentis afin de mieux protéger les populations et leur garantir la sécurité dans tous les coins du pays », a-t-il déclaré au micro de Radio Okapi, reconnaissant que « ce que nous avons vécu, c’est ce que vit la population au quotidien ».
L’autre menace qui persiste à l’Est de la RDC est le fait des ratés des opérations - dans un premier temps, de brassage et intégration, puis de mixage - mises en œuvre, avec l’assistance de la communauté internationale, pour venir à bout des groupes armés incontrôlés disséminés dans cette partie de la RDC.
Là encore, les choses se sont passées sans qu’on en ait au préalable mesuré les conséquences. Ainsi, des troupes issues du CNDP du général dissident Laurent Nkunda et de diverses milices ont été intégrées dans une précipitation indescriptible dans les Forces armées de la RDC. Aujourd’hui, alors qu’ils portent les uniformes des FARDC, ces éléments intégrés et mixés sèment terreur et désolation sur leur passage.
Pour preuve, lorsque Kinshasa a tenté de remettre de l’ordre dans les mines de l’Est en interdisant leur exploitation, ce sont, dans la plupart des cas, des militaires issus du brassage et du mixage, maîtres des mines de l’Est, qui ont opposé une farouche résistance à la décision du gouvernement. Au bout de l’épreuve, c’est Kinshasa qui s’est vu obligé de revenir sur sa décision d’interdiction.
C’est donc la loi de la jungle qui s’est installée dans la partie orientale du pays. L’Etat congolais n’existe que de nom. Rien de ce qui se fait sur le terrain n’atteste une quelconque présence de l’Etat. La puissance publique y est désormais incarnée par les FDLR, des hommes armés incontrôlés, mais reconnus comme appartenant aux FARDC.
Bref, à l’Est de la RDC, l’Etat congolais a perdu ses marques. Dans l’imaginaire collectif, la notion de l’Etat, pourtant gardien de la nation et protecteur des personnes et des biens, n’existe plus.
THERAPIE DIVERGENTE
Lorsqu’il s’agit d’apporter une solution durable au problème permanent que connaît l’Est de la RDC, Européens et Américains n’émettent pas sur une même longueur d’ondes.
Pour les Européens, la solution aux tensions récurrentes qui fragilisent l’Est de la RDC passe par une gestion partagée des ressources naturelles disséminées dans la région des Grands Lacs et pour lesquelles la RDC en est l’épicentre. C’est le plan développé dans le temps par le président français Nicolas Sarkozy et développé par l’ex-haut représentant de l’Union européenne dans la région des Grands Lacs, Aldo Ajello.
Par contre, pour les Américains, la voie de sortie de la crise passe par le renforcement de la force de dissuasion de la RDC. Drôle de lecture.
Ainsi, contrairement aux Européens, les Etats-Unis sont convaincus qu’une RDC, forte et capable de se défendre, reste la solution idoine pour une paix durable dans sa partie Est où une véritable industrie de rapine des ressources minières de la RDC s’est installée. Avec extension dans l’ensemble de la région des Grands Lacs. D’où, la loi Dodd-Frank adoptée en 2010 par le Parlement américain pour plus de transparence et de traçabilité des minerais de l’Est de la RDCongo.
C’est pour dire que, derrière les FDLR et toutes les milices armées qui écument la région, il y a cette main invisible, commandée par ceux qui ne veulent pas que l’Etat congolais récupère le contrôle de cette partie du territoire. Tout est mis en mouvement pour le fragiliser davantage avec pour objectif à terme de détacher l’Est du territoire composant la RDC.
C’est le schéma inscrit dans le plan de balkanisation de la RDC. Les tensions récurrentes sont donc entretenues à dessein. Au programme, créer le chaos pour, enfin, faire avaliser la thèse de la balkanisation.
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