mercredi 12 juin 2013
La nomination de l’Abbé Malu Malu peut être un piège !
« Kokende liboso ezali kokoma te ! »
Que peut bien signifier le retour de l’Abbé Malu Malu à la tête de la Commission Electorale ? Comment allons-nous faire pour que nous engager sur la voie de la réappropriation du processus historique et/ou électoral au pays ? Crier, vociférer, est-ce suffisant ? Est si la nomination de l’Abbé Malu Malu était un piège psychologique ? Et si « Les maîtres du monde » qui l’ont remis à ce poste savent qu’ils ont des intérêts à sauvegarder et qu’ils peuvent, à partir de cette nomination attiser les démons de nos divisions ? Ne risquons-nous pas de diaboliser toutes les appartenances de Malu Malu et de faire la politique de ceux pour qui diviser aide à régner. Saurons-nous demeurer sereins et capables d’autocritique ? Sans complaisance ! Tout en criant et en vociférant ? Quand on a été mordu par « les vipères », on devient attentifs quand les lézards s’approchent.
Le retour de l’Abbé Malu Malu a provoqué plusieurs réactions parmi les compatriotes au pays comme dans la diaspora. Si certains estiment que « l’expert du gouvernement (fantoche) de Kinshasa » aux négociations bidon de Kampala valorise son « expertise », plusieurs pensent que le choix orchestré par les parrains de la kabilie consacre son maintien aux commandes de la maffia abusivement dénommée « pouvoir » ad vitam aeternam. D’autres encore lisent dans cette nomination une tentative de discrédit permanent jeté sur l’une des institutions les plus fortes de la RDC, l’église catholique.
A travers l’un (ou certains) de ses membres, cette église serait associée à une mort lente mais sûre de tout un peuple en travaillant aux tripatouillages électoraux favorisant la main mise d’un réseau d’élites de prédation à la tête de notre pays. Pour ces compatriotes, cette nomination est « une passe » faite à certaines confessions religieuses et autres églises de réveil qui, pour s’attirer la sympathie des fidèles catholiques dépités par le retour de l’Abbé Malu Malu à la tête de la commission électorale, le citeront comme un exemple de la coopération de l’église catholique avec les forces de la mort en RDC. Bien que la position de cette église ait été claire à travers les prises de position de Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) demandant aux prêtres et aux religieux de ne pas faire partie de la CENI, elle risque d’avoir du mal à convaincre ces compatriotes qui, après avoir appris « la triste nouvelle » ont dit : « Plus nos pieds dans une église catholiques ». Pour cause. L’opinion est souvent fondée sur l’ignorance.
Cela étant, il se pourrait aussi que cette nomination soit un piège contribuant à creuser davantage des divisions entre nous au point de nous éviter une réflexion profonde sur la façon dont nous pouvons contre vents et marées travailler à la récupération du processus historique et/ou électoral dévoyé dans lequel notre pays est engagé depuis 2006. Cela en nous rappelant que ceux que nous pensons être les parrains n’ont jamais d’amis et qu’ils ne garantissent rien sur le long terme. Crier, vociférer peut se révéler démobilisateur !
Il y a un autre point de vue entendu dans les milieux congolais : attendons juger cette fois-ci l’Abbé Malu Malu sur les résultats ; accordons-lui le bénéfice du doute. Ce point de vue vaut ce qu’il vaut. Néanmoins, il nous pousse à approfondir notre réflexion sur les élections et sur leur valeur réelle en lisant notre histoire immédiate (et celle des autres).
Comment se fait-il que Joseph Kabila ayant profité de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila en 2001 ait pu usurper « le pouvoir-os » aux élections de 2006 et à celles de 2011 ?
En 2006, l’Union Européenne (alliée des USA) a placé son argent dans ces élections et elle devait en récolter les dividendes : avoir à Kinshasa un allié de Paul Kagame ; maintenir la RDC sous la tutelle de l’ONU et en faire sa véritable néo-colonie. Les élections bidon de 2006 ont permis à l’Occident et à ses entreprises multinationales de pérenniser leur pillage des matières premières stratégiques de notre pays à travers les armées de Kampala, de Kigali et de la RDC (infiltrée) interposées au cours d’une guerre de basse intensité orchestrant le chaos dans la sous-région des Grands-Lacs Africains.
Un livre publiant « des documents qui accusent » est très clair sur ce modus operandi[1]. Celui-ci est allé plus loin : il a permis le noyautage et l’agencification[2] de plusieurs institutions du pays par l’Occident re-conquérant. Avec la complicité des nos élites compradores pris dans les filets du « réflexe de Pavlov [3]», salivant devant les espèces sonnantes et trébuchantes, au point de participer à notre collectif effacement de la surface de la terre comme peuple historique !
En principe, les élections de 2006 organisées sans recensement devraient nous convaincre de l’inanité de la notion de « l’aide ». L’argent placé dans ces élections devait rapporter des dividendes, du profit à l’Occident re-conquérant. Elles devraient nous pousser à nous à nous poser cette question-bête : « Comment pouvons-nous, en conscience, prétendre gagner notre souveraineté politique à partir des élections organisées avec l’argent d’autrui ? »
Les pays ayant compris que la souveraineté est aussi (et même d’abord) économique ont coupé le cordon ombilical et organisent leurs élections en mettant leur propre argent au service de leurs commissions électorales et en créant des mécanismes de contrôle (et de vérification) internes efficaces. Le Venezuela a organisé plus de dix élections en puisant dans propre sa caisse. Plusieurs autres pays de l’Amérique Latine (comme la Bolivie, l’Equateur, le Brésil, l’Argentine, etc.) font régulièrement la même chose. Ils ont amîtrisé cette sagesse populaire simple : « La main qui donne voudrait toujours être au-dessus de celle qui reçoit. » Qui dira que la RDC vendant ses matières à perte aux Iles Vierges Britanniques pour plus de cinq milliards manque de l’argent pour organiser des élections plus ou moins correctes ?
Avouons que la question fondamentale est celle de l’occupation du pays : il n’est pas facile d’organiser des élections dignes de ce nom dans un pays sous occupation. N’empêche que les plus audacieux d’entre nous opérant au sein des minorités organisées et agissantes prennent leur courage à deux mains pour renverser la vapeur (sur le temps). Mettre à nu les pratiques dévoyées des charognards se ruant sur le mort-vivant Congo dans un exercice d’éducation civique permanent serait un pas important à effectuer au pays. Travailler en synergie serait un pas supplémentaire importent. Sur ce point, il faut avouer que la diaspora congolaise a fait des géants ; elle doit, au lieu de dormir sur ses lauriers, poursuivre ses efforts de révolution idéologique en se convaincant que les vampires sont sur le déclin…Au pays, l’enfermement de certains acteurs politiques dans des prisons privées est un travail de sape. Il vise à éteindre tout éveil de conscience collective d’un peuple devant se convaincre qu’il n’a de salut qu’en devenant l’acteur politique de premier plan.
Si tout, en effet, dépendait de l’argent, les élections de 2011 devraient donner des résultats contraires à ceux de 2006. En 2011, la contribution de « la communauté internationale » n’a pas été aussi consistante que celle placée dans celles de 2006. Comment sa fait-il que Joseph Kabila se soit maintenu au pouvoir-os sans que les résultats de ces élections ne puissent être conformes ni à la justice ni à la vérité, comme dirait le Cardinal Monsengwo ?
En plus du fait que Joseph Kabila a recouru à la tricherie et à la fraude avec la complicité de la CENI, il a eu recours à l’armée pour semer la peur dans les cœurs et les esprits et régner par défi.
Aussi est-il vrai que la réappropriation du processus électorale par nos populations n’a pas été totale. En dehors des résultats falsifiés de la CENI, aucune autre institution congolaise n’a pu fournir les siens ; même pas l’église catholique qui avait déployé ses observateurs à travers plusieurs bureaux de vote.
Il y a eu un autre phénomène et pas le moindre : l’implication des ambassadeurs occidentaux dans le processus électoral avant la proclamation des résultats définitifs. Doutant des garanties que pourrait leur offrir « le véritable gagnant de ces élections », ils ont orchestré « un coup d’Etat » pour maintenir Joseph Kabila au pouvoir-os. Arnaud Zajtman le dit sans ambages dans un article écrit le 07 décembre 2011 et intitulé : « Il est minuit moins une à Kinshasa ». Certains compatriotes échangeant avec « les partenaires extérieurs sur ce gâchis s’entendent dire ces jours-ci : « La légitimité intérieure sans la légitimité internationale ne suffit pas ».
Après 2011, plusieurs d’entre nous devraient se faire à l’idée qu’aller aux élections sans être sûr d’en maîtriser et d’en contrôler les rouages est une aventure de mauvais goût, surtout dans un pays sous occupation. Ils devraient procéder à une évaluation sans complaisance s’ils veulent s’essayer aux autres échéances à venir. Ils devraient aussi apprendre (ou désapprendre) que la légitimité politique (et surtout post-politique) ne se donne pas dans les urnes. Celles-ci confirment ou infirment un choix fait au préalable. Ou par le peuple éduqué civiquement et patriotiquement ou par les oligarchies d’argent parrainant des élites compradores ou par un autre cercle de pouvoir pas toujours visible. Et ce choix ne se fait pas la veille des élections. Non. Il est opéré longtemps avant à partir du profil du candidat et du travail abattu par ceux qui opèrent ce choix au niveau médiatique, économique, éducationnel, social, intellectuel, politique, etc. Ceci devrait être un secret de polichinelle pour plusieurs d’entre nous.
En 1960, ce sont les Congolais unis comme un seul homme et soucieux de renverser le joug du colonialisme qui ont plébiscité certains d’entre eux aux élections. Civiquement, ils étaient suffisamment éduqués politiquement et certaines revues comme « Conscience Noire » ont joué un rôle important dans l’éveil spirituel de nos Pères et Mères de l’indépendance.
Au Venezuela, le peuple a remis Hugo Chavez au pouvoir après le coup d’Etat de la CIA de 2002[4]. Un fait unique dans l’histoire contemporaine. (Les médiasmainstream et les experts de la communauté internationale n’en parlent presque pas !)
Aux USA, en 2000, Georges Bush Jr a perdu les élections. Mais il fut maintenu à la tête de ce pays par « l’Etat profond ».
Si la légitimité politique (ou post-politique) ne se donne pas dans les urnes, elle s’impose après sa confirmation par les urnes à partir de la manière dont « l’élu majeur » sert les intérêts de ses parrains. Au Venezuela par exemple, Hugo Chavez ayant été parrainé par son peuple (surtout les pauvres des favelas) l’a servi, dans les limites de ses possibilités, jusqu’à sa mort. Cela au point que plusieurs vénézuéliens (plus de 50%) en sont arrivés à s’identifier à Chavez après sa mort en disant : « Nous sommes tous des Chavez ». Au Congo (RDC), Joseph Kabila est encore soutenu par ceux qui l’ont plébiscité – souvenons-nous de « Joseph Kabila est l’espoir du Congo »- et qui déjà en 2006, ont mis Malumalu à son service. Arrêtons de rêver.
Que voulons-nous ? Etre souverains ? Quelles sont les ressources intellectuelles, économiques, culturelles, sociales, politiques dont nous disposons pour réaliser nos objectifs ? Identifions-nous. Qui sont les meilleurs d’entre nous qui peuvent, avec courage et esprit de sacrifice, nous mener à bon port ? Et géostratégiquement, qui sont les acteurs politiques mondiaux qui, aujourd’hui, tout en étant respectueux de la souveraineté des autres peuples, peuvent nous soutenir dans notre lutte d’émancipation en sauvegardant des intérêts partagés ?
Ces questions peuvent être travaillées en permanence dans des think tankscongolais où les jeunes prennent une part active et où le choc des idées peut jeter suffisamment de lumière sur la voie à emprunter. Faire cela ne devrait pas nous dispenser de comprendre que les grands changements sont moléculaires. Il faut y travailler sur le cours, moyen et long terme et apprendre à passer le relais. Il n’ y a pas de baguette magique ! « Kokende liboso ezali kokoma te ! »
Mbelu Babanya Kabudi
[1] C. ONANA, Europe, crimes et censure au Congo. Les documents qui accusent, Paris, Duboiris, 2012.
[2] Lire J. KANKWENDA MBAYA, La République Démocratique du Congo face au complot de Balkanisation et d’implosion, Kinshasa, Icredes, 2013. Lire surtout le chapitre 11.
[3] J. –J. MBUGANYI, Le politicien instrumentalisé : la RDC est un bel exemple, dans www.congoindépendant.com du
[4] Le successeur d’Hugo Chavez vient d’échapper à un attentat orchestré par ceux qui veulent faire de la Colombie un membre de l’OTAN comme l’atteste ce petit article :http://www.voltairenet.org/article178860.html
mercredi 5 juin 2013
Les « Princes » africains et la gouvernance de leur Etat
L’Etat du « Prince » africain ressemble à un paysage transformé en une « cour » ; un lieu princier compact où vivent le « Prince » et sont entourage clientèle respectueux et dévoué. C’est une « cour » où l’accès au pouvoir et l’exercice de celui-ci, s’effectuent d’après les stratégies complexes tissées dans des idéologies similaires et forcément illusoires telles que le clanisme, le tribalisme, l’ethnisme, complété par un clientélisme de mauvais goût. Ce sont de vulgaires choses qui couvrent une seule réalité: la Famille; celle du « Prince ». Les femmes de la « cour » jouent le rôle de reines, alors fausses reines et se comportent ainsi. Les filles jouent aux princesses, alors fausses princesses, pendant que les fils, selon le cas, s’exhibent comme de petits tribuns, comme chefs des bandes armées ou des milices protectrices du « Prince » et de sa famille.
Ce temps, des abus d’orgueil, bien sûr, un Etat rendu à ce niveau est simplement une République d’esclaves. Une République où les maîtres estiment que tous participent et jouissent des prérogatives et des privilèges attachés et reconnus au chef de I’Etat. On les trouve facilement ainsi à la tête de tous les secteurs d’activités publiques, parapubliques et privés), et ceci au mépris des règles de compétences techniques ou des exigences de moralité attachées à l’exercice de certaines fonctions. Quelle irresponsabilité manifeste ? Conséquences : marginalisation et exclusion de la majorité d’autres citoyens de la vie de l’Etat; désacralisation (prostitution) des règles de la vie publique. Désormais la société vit, se maintient, se conserve et se perpétue grâce à l’importance que jouent les relations fondées sur le sexe (le favoritisme et le laxisme), le sang (le népotisme et le tribalisme), les sous (le matérialisme et l’égoïsme), les sectes (sectarisme et le dogmatisme)... Vassalisation des citoyens signifie l’argent, les biens matériels et surtout la liberté d’en jouir; que le pouvoir signifie commander et être obéi sans condition. Et puisqu’il n’y a pas de pouvoir sans force brute (armée) ou diffuse (parti unique ou presque), le « Prince » et ses clients estiment ou concluent que Force + pouvoir = sécurité (F + P = S). C’est donc une question de vie ou de mort pour la Famille.
C’est à partir de cette statologie du pouvoir que nous avons tiré notre théorie de l’oignon. Au centre de l’oignon, le Président dictateur et ses proches de la famille. C’est le noyau du pouvoir décisionnel primaire, hermétique, compact et dur. La composition réelle est beaucoup plus complexe et diversifiée que ce qui se laisse voir. Il s’agit d’une véritable « caste » où l’on trouve, à part le Président lui-même, quelques officiers supérieurs de l’armée, la haute hiérarchie des services de sécurité et certains caciques du Parti-Etat: le Parti unique. Parti au pouvoir ou majorité présidentielle.
Au tour de ce noyau, s’est constitué un autre groupe non moins important composé des amis clients personnels du Président recrutés, selon les intérêts personnels du pays. Eux, sont copieusement rémunérés, récompensés, impunis, même s’ils tombent en disgrâce en attendant d’être remis en selle.
Le tout est emballé dans une troisième couche composée de ceux qu’on appelle « la classe des intellectuels » qui, en quelque sorte, sert de réservoir vivrier » dans lequel le noyau central - la famille – puise régulièrement des cadres - énergies afin de renforcer et justifier « intellectuellement » son pouvoir. Ici on trouve surtout des universitaires, toujours à la pointe des initiatives propices à l’élaboration des stratégies du pouvoir et de l’armature idéologique du régime. A cette couche, il faut inclure tout un monde occulte : ordre mystique, féticheurs, marabouts, sorciers divers, chefs coutumiers influent charlatan de tout acabit, prêtres, évêques... et aussi d’autres personnages nébuleux que l’opinion qualifie les « S.D.F. » les fumeux « Sans Dossiers Fixes . 0n n’oublie pas les amis d’enfance du chef et d’autres courtisans étrangers dont certains se proclament ou s’autoproclament carrément « spécialistes » de l’Afrique.
Dans l’ensemble, une machine de ce genre est fluide, mouvante et mobile. Tout cela est bien complexe. Tout ce qui bourdonne à l’oreille du Maître trouve son compte. Alors, pour être réellement de la « Famille » présidentielle, les « clients » envisagent de contacter, avec intérêt, des mariages, sous n’importe quelle forme, avec l’un ou l’une des proches du président. Pourquoi ne pas offrir sa propre femme, sa propre fille, son bien ?
Même I’armée n’est pas épargnée par le tripotage désinvolte du régime dictatorial. Quelle éthique ? Quelle morale ? Ainsi, le harem du Président de la République est-il un terrain de fin des affinités tribalo-ethniques, clientèles et mandarinale bien cousu. C’est visiblement un lieu d’allégeance des corrompus et des corrupteurs; une grande confrérie où la démonstration extensible concurrence la parade et l’étalage excessif des richesses ou des titres de « noblesse ». C’est une cour où visiblement règnent l’ostentation, l’orgueil, l’arrogance, la mégalomanie... et le sentiment exagéré et souvent injustifié de la « valeur » ; c’est, en fin de compte, un lieu qui témoigne des conceptions terre - à - terre…
Tel est le système de gouvernance qui, à coup sûr, patrirmonialise l’Etat dans un contexte flou ,où l’enjeu de la compétition politique est le partage du « gâteau national ». Mais, quoi partager ? Alors que l’Etat est la « chose » du « Prince », son patrimoine privé ? Plus ça dure, plus c’est la même chose ! Tout comme à l’époque coloniale, l’ « Etat » était la « chose » d’une « classe » des Blancs, aujourd’hui, dans le postcolonial, I’Etat africain sans indépendance raille, est simplement une transposition hybride du système colonial. Tout comme le système colonial était celui d’exclusion raciale, Blancs/ Noirs, les régimes africains néocoloniaux sont en train de bâtir les Etats sur le rocher qui a pour nom la tribu. Tout comme « l’Etat colonial « était un « Etat nourricier » face à une communauté qu’il a rendue nécessiteuse, l’« ‘Etat néocolonial » patrimonialisé est bien celui du dictateur et de son entourage. Un tel Etat est un lieu où règnent le crime et l’impunité. Que des transgressions possibles des lois quelle que soit leur gravité: détournements des deniers publics, des entreprises, extorsions, expropriation des biens meubles et immeubles des personnes physiques, morales ou neutres. Un Etat rendu ainsi, est celui où plane la « bulle criminogène » qui criminalise l’ensemble de la société. Nous sommes donc en présence d’un Etat délinquant aux comportements déviationnistes clandestins. On y vole, viole, escroque, corrompt à grande échelle. Nous avons écrit au sujet de la « cour » du dictateur un petit livre intitulé «Dictature et éthique de la responsabilité».
Toute cette expérience nous renvoie à la réflexion d’A. Tshibangu -Wa-Mulumba qui estime avec raison d’ailleurs que depuis les indépendances jusqu’à nos jours, les Africains sont accablés par ce qu’il appelle les «Trois Afriques» en une à savoir: I’Afrique des Etats, qui a commencé avec les colonies ; I’Afrique des individus, qui est celle des tribus, des clans et des ethnies qui demeurent, dans son fond l’Afrique de toujours, en dépit du modernisme qui, quelque part, est une modernité africaine tribalo-ethnique du moins sur le plan de la gestion politique ; enfin l’Afrique des profiteurs, qui occupe confortablement le créneau se trouvant entre les deux premières Afriques. Cet amalgame a donné naissance à des fatalités et paradoxes qui rendent mal à l’aise le vécu des Africains.
Professeur Kambayi Bwatshia, UPN
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