« Unis par le sort … nous bâtirons un pays plus beau qu’avant, dans la paix » (Hymne national) Chers frères et sœurs, en ce 51ème anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale, je voudrais vous inviter à méditer ces paroles de notre hymne national : «Unis par le sort…, par le labeur nous bâtirons un pays plus beau qu’avant, dans la paix ». - En liminaire, rendons grâce à Dieu, le maître du temps et de l’histoire, qui nous a « unis par le sort », des quatre coins de cet immense pays, pour faire de nous une nation appelée à la prospérité dans des frontières internationalement reconnues. Oui, le sort nous a unis au « Congrès de Berlin » (1885) par la volonté des monarques, mais derrière cette volonté politique des humains, c’est Dieu qui menait l’histoire et qui nous appelait -une vocation - à jouer un grand rôle dans l’histoire : l’histoire de l’Afrique, et l’histoire du monde.
- Aussi n’est-ce pas pour rien qu’il a doté ce pays de ressources naturelles qu’on ne cesse de découvrir dans tous les coins du pays. Les dons de Dieu nous invitent à un engagement déterminé et volontariste pour leur mise en valeur. Cet engagement devrait être d’autant plus ferme que plus grande est notre appréciation des dons de Dieu.
- Un engagement ferme implique le travail assidu. C’est pourquoi nous disons dans l’hymne national : « par le labeur nous bâtirons un pays plus beau qu’avant ». Sans le labeur, en effet, pas d’engagement ferme. Sans le labeur, c’est un signe que le don n’est pas apprécié. Sans le labeur, le travail assidu, c’est la paresse, la fainéantise qui s’installe, c’est la fréquentation des bars et débits de boisson, c’est l’insouciance de tout un peuple, qui risque de voir toutes ses ressources s’envoler outremer dans les quatre coins du monde, sans qu’il se donne la peine de lever le doigt pour les mettre en valeur comme le font les étrangers. Sans le labeur, c’est les jérémiades continuelles, les mêmes rengaines improductives contre les étrangers…
Chers frères et sœurs, Sans le labeur, « un pays plus beau qu’avant » restera un mirage éternel, qui disparaîtra à mesure que nous y approcherons. Mais nous ne bâtirons jamais ce pays, si la paix n’est pas au rendez-vous ; paix des cœurs, paix des esprits, paix des sentiments. Il faut que nos cœurs battent d’un même rythme pour la paix. Nous ne bâtirons jamais le pays si certains fils et filles, pour des intérêts mesquins et égoïstes, renoncent à construire le pays pour bâtir leur fortune sur le dos des autres, ce contrairement à l’esprit communautaire et à la solidarité clanique chers à la tradition africaine. Nous ne bâtirons jamais ce pays, si la tolérance cède la place à l’intolérance ; si la vérité cède le pas au mensonge ; si la haine remplace l’amour dans nos relations. - Pour bâtir un pays plus beau qu’avant, il faut que chacun(e) soit motivé(e) ; et pour que chacun soit motivé, il faut qu’il y trouve son compte ; pour qu’il y trouve son compte –sans exclure une générosité désintéressée -, il faut que le produit national soit équitablement réparti à tout le monde. Cela suppose la justice sociale.
- Nous ne bâtirons jamais ce pays, si nous ne sommes pas unis, mobilisés autour des mêmes valeurs transcendantes et des mêmes idéaux, cela ne sera pas possible si d’une part nous y allons en ordres dispersés -malgré la légitimité d’une opposition solide-, si d’autre part nous n’avons pas une vision exacte et réaliste du développement que nous voulons pour notre peuple.
Chers frères et sœurs, - « Un pays plus beau qu’avant », tels étaient le rêve et l’espoir des pères de l’indépendance en ce jour ensoleillé du 30 juin 1960. Ce rêve, cet espoir, ils les fondaient sur la situation économique florissante du Congo de l’époque. Ce rêve, rendons-le une réalité ; et nous le pouvons.
- Oui, nous le pouvons grâce à Dieu qui est notre force, notre sagesse, notre lumière et notre salut (Ps 27, 1). A condition que nous le reconnaissions comme tel, c’est-à-dire que nous observions sa loi et ses préceptes, en choisissant la vie et non pas la mort, l’amour et non pas la haine, le salut et non pas l’anti-salut ou tout ce qui s’oppose à Dieu ; la transparence et la vérité, et non pas la tricherie. « Si Dieu ne bâtit la maison, en vain peinent les maçons » (Ps 127,1).
- C’est avec ces pensées qui se font prière, que je vous souhaite à tous(tes) une joyeuse et heureuse fête nationale. Puisse le Seigneur nous combler de bénédictions. Que la Vierge Marie, Notre Dame du Congo, protège notre pays.
Chers frères et sœurs, disons, pour finir, la prière de Saint François d’Assise : « Seigneur, fais de moi un instrument de la paix, Là où est la haine, que je mette l’amour. Là où est l’offense, que je mette le pardon. Là où est la discorde, que je mette l’union. Là où est l’erreur, que je mette la vérité. Là où est le doute, que je mette la foi. Là où est le désespoir, que je mette l’espérance. Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière. Là où est la tristesse, que je mette la joie. O Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, à être compris qu’à comprendre, à être aimé qu’à aimer. Car c’est en se donnant qu’on reçoit, c’est en s’oubliant qu’on se retrouve, c’est en pardonnant qu’on est pardonné, c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »
Que le Seigneur nous l’accorde dans sa bonté infinie et son amour tendre pour notre peuple. Amen.
+ L. Card. MONSENGWO PASINYA Archevêque de Kinshasa
Mise à jour le Vendredi, 01 Juillet 2011 14:43 |